Après les aléas météorologiques et des ratés chez certains transporteurs pendant le temps des Fêtes, c’est une panne informatique majeure aux États-Unis qui a donné des maux de tête aux voyageurs. La quasi-fermeture temporaire de l’espace aérien américain a provoqué une cascade de retards et d’annulations dont les effets ont été observés jusqu’à l’aéroport Montréal-Trudeau.

Si l’incident n’a pas déclenché un branle-bas de combat dans les aéroports canadiens, c’est dans la nervosité que les voyageurs rencontrés par La Presse mercredi se préparaient à s’envoler vers le sud de la frontière.

« Nous avons une correspondance à New York vers La Nouvelle-Orléans en soirée, j’espère qu’on ne la ratera pas, expliquaient Guenola et Michel Bernard avant de s’enregistrer pour leur vol. On ne part que pour huit journées de vacances. J’espère qu’on en profitera au complet. »

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Guenola et Michel Bernard

C’est une panne généralisée du système de notification des missions aériennes (NOTAM) qui a contraint la Federal Aviation Administration (FAA) — l’autorité américaine en matière d’aviation civile – à clouer les avions au sol pour tous les départs, mercredi matin. L’interdiction a été levée vers 9 h. Selon la FAA, c’est un fichier endommagé d’une base de données qui serait à l’origine de la panne. Selon la FAA, c’est un fichier endommagé d’une base de données qui serait à l’origine de la panne. Rien n’indique, pour l’instant, qu’il s’agirait d’une cyberattaque.

Le NOTAM, qu’est-ce que c’est ?

Avant d’entreprendre un vol, les pilotes consultent le NOTAM, qui brosse un portrait des éléments qui pourraient avoir une incidence sur la planification de la liaison. « C’est un système pour communiquer de l’information aux pilotes, explique Louis-Éric Mongrain, pilote de ligne et vice-président, administration et finances, de la section canadienne de l’Air Line Pilots Association (ALPA). S’il y a, par exemple, un drone qui vole pour une mission donnée, cela va être noté dans le système. Cela nous permet d’être au courant de contraintes que nous n’aurions pas observées autrement. » Initialement, les pilotes contactaient par téléphone les stations d’information de vol pour obtenir les données. Elles sont désormais en ligne.

Peu de temps après, c’était au tour de Nav Canada, responsable du contrôle du trafic aérien, d’éprouver des problèmes similaires. De moindre ampleur, la panne, qui s’est échelonnée sur environ trois heures — jusqu’à 13 h 15 — concernait les nouvelles informations ajoutées au NOTAM.

« Nous enquêtons toujours sur la cause de cette interruption de service, a indiqué Vanessa Adams, porte-parole de la société. À l’heure actuelle, nous ne pensons pas que la cause soit liée à la panne de la FAA survenue plus tôt dans la journée. »

Cette panne du côté canadien n’a pas eu de répercussions négatives à Montréal-Trudeau, a fait savoir Aéroport de Montréal (ADM) dans un courriel.

Dans l’incertitude

Avec 21 000 vols intérieurs prévus aux États-Unis et 1840 liaisons internationales attendues, selon la firme de données Cirium, les perturbations n’ont pas mis de temps à provoquer un effet domino. En fin d’après-midi, mercredi, on recensait plus de 8360 retards au sud de la frontière, selon la firme FlightAware, ainsi que 1230 annulations.

Du côté de Montréal-Trudeau, l’ampleur des retards était limitée. Les voyageurs rencontrés par La Presse étaient néanmoins nerveux. Beaucoup se demandaient ce qu’il adviendrait de leurs vols de correspondance prévus au sud de la frontière. Arrivés de Trois-Rivières, Iris Marunak et Rodolfo Closs devaient faire escale à Chicago et São Paulo (Brésil) avant de se rendre en Argentine. Ils nageaient dans l’inconnu.

« Ici, notre vol a été retardé d’une trentaine de minutes, mais à Chicago, on ne sait pas ce qui nous attend, raconte Mme Marunak. Nous n’avons eu aucune information jusqu’à présent. »

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Iris Marunak et Rodolfo Closs craignaient de manquer leur correspondance à l’aéroport de Chicago.

Un peu plus loin, Santino Maru était dans une situation similaire. Ce voyageur n’était plus certain d’arriver à temps au Brésil.

« Vous me parlez des problèmes [aux États-Unis] et ça me fait peur, affirme-t-il. J’espère que ça ne sera pas comme l’an dernier lorsque mon vol vers l’Europe avait été annulé. S’il y a trop de retard, ça risque de me prendre une journée de plus pour me rendre au Brésil. »

De mauvaises nouvelles

Pour l’expert en aviation et chargé de cours à l’Université McGill, John Gradek, l’industrie aérienne devrait être capable de tourner la page rapidement sur la panne survenue aux États-Unis. À court terme, cependant, les nouvelles risquent d’être moins bonnes.

« C’est sûr que pour tout ce qui concerne des vols de correspondance, il faut s’attendre à des retards, affirme l’expert. Quand il y a des milliers de vols retardés, il faut du temps pour rattraper le temps perdu. »

Des transporteurs comme Air Canada et WestJet ont recommandé à leurs clients de bien vérifier l’état des vols avant de se rendre à l’aéroport. Le plus important transporteur aérien au pays a dit avoir mis en place une politique permettant à ses clients concernés de modifier leur itinéraire de voyage.

Selon la firme Cirium, il y avait quelque 390 vols aller-retour prévus, mercredi, entre le Canada et les États-Unis. À Montréal-Trudeau, en fin d’après-midi, 8 vols qui devaient décoller de Montréal-Trudeau avaient été annulés, tandis que 61 étaient retardés, d’après FlightAware. À destination de l’aéroport, on recensait 12 annulations et 71 retards.

Avec Mayssa Ferah, La Presse

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    Les vols du Canada vers le sud de la frontière représentent près du cinquième des liaisons internationales à destination des États-Unis.
    source : Cirium