Verrons-nous Louis Riel succéder à Élisabeth II sur l’avers de nos pièces de monnaie au lieu de son fils, le nouveau roi Charles III ?

L’idée plaît au Bloc québécois, qui croit que l’occasion est belle pour le gouvernement de Justin Trudeau de se servir de la monnaie pour rendre hommage aux institutions démocratiques canadiennes plutôt qu’à un monarque étranger.

Le député bloquiste Rhéal Fortin entend soumettre la proposition prochainement à la ministre des Finances Chrystia Freeland, de qui relève la Monnaie royale canadienne.

« Quand on imprime la monnaie, il y a quelque chose là-dedans qui doit nous ressembler », dit le porte-parole du Bloc québécois en matière de justice et lorsqu’il est question du Conseil privé.

L’occasion est belle. On pense à Louis Riel et à plusieurs personnes qui ont marqué l’histoire du Canada. Pourquoi ne pas leur rendre hommage ?

Le député bloquiste Rhéal Fortin

Selon M. Fortin, la monarchie est remise en question au Canada. Il fait référence à un sondage web réalisé par la firme Léger en septembre dernier indiquant que 77 % des Canadiens disaient ne pas être attachés à la monarchie britannique.

En attente du gouvernement

Les premières pièces de monnaie à l’effigie de Charles III sont entrées en circulation jeudi au Royaume-Uni. À quand pour le Canada ?

PHOTO ALISTAIR HEAP, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Pièce de 50 pence à l’effigie de Charles III

À la Monnaie royale canadienne, on est toujours dans l’attente pour la suite des évènements, trois mois après la disparition de la reine Élisabeth II qui a régné sur le Canada ces 70 dernières années.

« C’est le gouvernement fédéral qui détient le pouvoir de changer les caractéristiques des pièces, y compris leurs motifs. On attend présentement sa décision », indique Alex Reeves, porte-parole de la Monnaie royale canadienne, dans un entretien.

C’est par tradition que le souverain apparaît sur nos pièces de monnaie. « Il n’existe pas de loi au Canada qui oblige le gouvernement à apposer l’image du souverain sur les pièces de circulation canadienne », explique M. Reeves. 

Pour ce qui est de l’impression des billets de banque, la responsabilité relève de la Banque du Canada. « L’actuel billet de 20 $ en polymère devrait circuler encore pendant de nombreuses années. Il n’y a pas d’exigence législative de modifier le graphisme du billet dans un délai prescrit lorsqu’il y a un nouveau monarque », écrit dans un courriel Amélie Ferron-Craig, consultante en relations avec les médias de l’institution.

« Il revient à la ministre des Finances d’approuver la forme et la matière de tout nouveau billet, conformément à la Loi sur la Banque du Canada, précise-t-elle. Cela s’applique aussi aux portraits qui figurent sur les billets. »

Le ministère des Finances n’a pas répondu à nos questions.

Au Royaume-Uni, l’image de Charles commencera à habiller les billets à la mi-2024, a rapporté l’Agence France-Presse vendredi.

Aucune crainte de manquer de monnaie

Peu importe la décision que prendra le gouvernement, il ne manquera pas de pièces de monnaie, insiste le porte-parole de la Monnaie royale. « On a suffisamment de pièces de 2022 pour alimenter le marché dans les mois à venir. »

Plus tôt cette semaine, la Monnaie royale canadienne a émis une pièce de 2 $ standard, mais entourée d’un anneau extérieur noir qui rappelle un brassard de deuil, en hommage à Sa Majesté. La pièce commencera à circuler plus tard ce mois-ci. Près de cinq millions de pièces seront mises en circulation. Au besoin, des pièces supplémentaires pourraient être produites.

Qui sera l’auteur du portrait ?

Le portrait officiel du Charles III qui figure sur ces pièces britanniques est l’œuvre du sculpteur Martin Jennings, conçu à partir d’une photo et approuvé par le roi.

Le visage du nouveau roi est tourné vers la gauche, tandis que la reine Élisabeth II est tournée vers la droite, suivant la tradition.

« On a une équipe à l’interne qui est prête à réaliser le nouveau motif en temps opportun, assure M. Reeves de la Monnaie royale canadienne. Étant donné que l’on devra produire une nouvelle pièce dans un délai raccourci, on se fie à notre équipe de graveurs à l’interne. Ce sont tous des artistes professionnels. »

Pour la petite histoire, c’est l’effigie « non couronnée » d’Élisabeth II de l’artiste de Vancouver Susanna Blunt qui orne nos pièces depuis 2003. Elle a été choisie à la suite d’un concours pour souligner le jubilé d’or (50 ans) de la reine.

Appel à tous

Que pensez-vous de la présence de Charles III sur l’argent canadien ? Quelles seraient vos suggestions pour illustrer notre monnaie ?

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