Éric Asselin, ex-bras droit de Vincent Lacroix à l’époque du scandale Norbourg, se retrouve à nouveau dans la ligne de mire des forces de l’ordre.

L’Autorité des marchés financiers (AMF) soupçonne Éric Asselin d’agir illégalement comme courtier hypothécaire en s’impliquant dans des démarches de prêts conventionnels et alternatifs et d’agir comme intermédiaire dans des dossiers de prêts privés.

Aujourd’hui résidant de Beauport, à Québec, Éric Asselin utiliserait le nom d’Éric Gagnon pour se présenter plutôt que son nom légal, selon l’enquête actuellement menée par le gendarme boursier québécois.

Les clients sollicités sont en position vulnérable sur le plan financier, souligne l’AMF, qui considère que les prêts accordés ne répondent pas nécessairement aux besoins des clients et ne sont pas dans leur intérêt.

« Ce type de clientèle doit être conseillé adéquatement par un courtier consciencieux, et mérite de connaître la véritable identité de la personne traitant leur dossier, surtout lorsque cette personne possède un passé criminel en matière financière comme celui d’Asselin », est-il indiqué dans le résumé d’enquête.

L’AMF craint qu’Éric Asselin, son partenaire Jean-François Soucy et la firme Groupe Courtiers Experts continuent de solliciter d’autres clients potentiellement vulnérables. Le gendarme boursier s’inquiète aussi du risque pour l’intégrité des marchés financiers et la confiance du public.

C’est pourquoi l’AMF tente d’obtenir des ordonnances visant notamment à enjoindre à Éric Asselin de cesser d’agir comme courtier hypothécaire pour la durée de l’enquête.

Clientèle vulnérable

Éric Asselin et Jean-François Soucy sollicitent des personnes ayant des dettes ou une hypothèque de deuxième ou troisième rang grevant leur propriété afin de leur offrir leurs services en matière de courtage hypothécaire, selon la compréhension du dossier par l’AMF.

L’enquête menée actuellement révèle que les montants des garanties inscrites sur les propriétés sont « grandement » supérieurs aux dettes que les clients cherchent à rembourser ou aux prêts qu’ils reçoivent, et que certains clients ne savent pas qui est le prêteur privé au moment de contracter le prêt.

L’enquête révèle aussi par ailleurs que Jean-François Soucy, qui détient un certificat lui permettant d’exercer le métier de courtier hypothécaire, permet ou tolère qu’Éric Asselin, qui n’en a pas, utilise ses codes d’accès et réponde à des demandes de clients en son nom.

Les enquêteurs de l’AMF poursuivent leur travail dans ce dossier. Ils tentent d’analyser les prêts obtenus par l’entremise de Groupe Courtiers Experts, Jean-François Soucy et Éric Asselin dans le but de déterminer, notamment, si les prêts correspondent aux besoins des clients, comment les garanties hypothécaires sont calculées en fonction des prêts à rembourser, et quelle est l’implication réelle d’Éric Asselin dans Groupe Courtiers Experts, mais aussi dans la société Dominion Summum ainsi que dans les dossiers de prêts hypothécaires transmis à l’entreprise Prêt Capital ou à d’autres prêteurs.

Depuis l’éclatement du scandale Norbourg en 2005, Éric Asselin a été condamné pour faillite frauduleuse et fabrication de faux documents financiers. Il a même reçu une peine d’emprisonnement.

Ex-enquêteur à la Commission des valeurs mobilières du Québec (devenue l’AMF en 2004), Éric Asselin avait quitté cet organisme en 2002 pour accepter un poste de vice-président aux finances chez le gestionnaire d’actifs Norbourg où il avait entre autres la responsabilité de gérer les relations avec les autorités. Quelques années plus tard, Norbourg s’est retrouvé au cœur d’un scandale financier estimé à plus de 100 millions ayant floué 9000 petits investisseurs.

Éric Asselin a reconnu avoir participé à des falsifications chez Norbourg visant à berner les autorités pour détourner des fonds appartenant aux épargnants.

Il n’a pas été possible de parler à Éric Asselin ou à Jean-François Soucy. Nos messages sont demeurés sans réponse.

Avec la collaboration de Hugo Joncas, La Presse