Ces dernières années, l’utilisation de la forêt québécoise divise la population plus qu’elle ne l’unit. Souvent présentés de façon manichéenne, les débats entre les tenants d’un aménagement forestier qui permettrait d’en extraire la pleine valeur et ceux et celles qui rêvent d’un territoire vierge et non perturbé nous font oublier que la forêt est d’abord et avant tout une richesse collective, un lieu susceptible de nous rassembler plutôt que de nous diviser.

Qui ne compte pas parmi ses proches un villégiateur, un pêcheur ou une ingénieure forestière qui rêvent de leurs escapades en forêt ? Qui peut prétendre ignorer l’importance que celle-ci revêt pour ceux et celles qui la côtoient et en vivent depuis des temps immémoriaux ? Qui peut nier le rôle historique qu’elle a joué dans le développement de collectivités vibrantes qui jouissent encore aujourd’hui de ses bienfaits ? Qui peut s’avouer insensible aux charmes des paysages qu’elle nous offre et à la vie foisonnante qu’elle abrite ?

N’est-il pas temps, en 2022, de tirer un trait sur ces âpres discussions qui nous opposent et de nous réunir autour d’un projet commun, celui de développer un cadre d’aménagement du territoire qui ne ferait pas s’opposer les intérêts de ses bénéficiaires et ceux de ses habitants ?

L’intensification du débat sur la préservation du caribou et la mobilisation qui en découle nous offrent une chance unique de reprendre, sur des bases nouvelles, la discussion sur la modernisation du régime forestier, discussion que réclament depuis longtemps nombre de parties prenantes, incluant l’industrie forestière.

Le rapport déposé par la commission Gélinas le 22 août dernier, bien qu’incomplet, a le mérite de pointer les faiblesses de certaines pratiques ainsi que de proposer quelques pistes de solution. Il reconnaît également les spécificités régionales du territoire québécois et la nécessité de les considérer dans une réflexion élargie sur l’aménagement de celui-ci.

Depuis longtemps, Résolu est convaincue qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre les impératifs socio-économiques et le besoin de préserver la biodiversité. Cent pour cent des territoires que nous récoltons sont régénérés et certifiés selon des normes d’aménagement durable reconnues.

Nous savons qu’il est possible de jardiner nos forêts tout en protégeant cet écosystème fragile et précieux. Depuis longtemps, Résolu réclame l’adoption d’une approche holistique sur la gestion du territoire. Une approche qui permettrait à toutes et tous de se faire entendre dans un esprit d’ouverture et d’écoute.

L’industrie forestière n’a pas toujours bonne presse. Il n’est pas aisé de faire connaître et de bien expliquer les multiples facettes de notre activité. Il n’est pas évident non plus de communiquer toute la passion qui anime nos gens pour la conservation du territoire et des êtres qui l’habitent.

Au Québec, c’est moins de 1 % de la forêt aménagée qui est récoltée annuellement afin de livrer un matériau entièrement renouvelable qui appartient au futur et non au passé. Le territoire est vaste, la ressource est résiliente et les volumes récoltés ne mettent pas en péril la capacité qu’elle a de se régénérer.

Malgré cela, une perception tenace persiste à propos d’une industrie qui serait assoiffée de kilomètres carrés. Dans les faits, ce sont plutôt de mètres cubes que notre industrie a besoin.

Nous n’avons aucun intérêt à étendre nos parterres de récolte à l’infini. Nous n’avons aucun avantage à pénétrer un territoire propice à d’autres usages ou à d’autres espèces, alors que des volumes sont disponibles ailleurs. Ce dont l’industrie a besoin, c’est un régime forestier qui lui offre de la prévisibilité, de la flexibilité opérationnelle et un contexte propice au développement d’un sain environnement d’affaires avec ses partenaires.

Ce dont la forêt a besoin, ce sont des relations saines entre ses bénéficiaires qui permettront à tous de collaborer à la préservation du territoire et de ses habitants. Nous souhaitons ardemment discuter ensemble de l’avenir de cette grande richesse que constitue la forêt québécoise.