(Washington) Le temps presse, face à l’inflation, a alerté jeudi le président de la Fed, Jerome Powell, justifiant la nécessité d’agir fermement, afin d’éviter une redite des années 1970 et 1980, avec leur spirale inflationniste et des mesures drastiques pour la juguler

« Nous devons agir fermement comme nous l’avons fait, et nous devons persévérer jusqu’à ce que le travail soit terminé. Pour éviter cela », a déclaré le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) lors de la conférence monétaire annuelle du Cato Institute.

« Nous pensons que nous pouvons éviter le genre de coûts sociaux très élevés » que la Fed avait, à l’époque, « dû imposer pour faire reculer l’inflation et mettre en place une longue période de stabilité des prix », a-t-il ajouté.

Les États-Unis ont connu une période de très forte inflation dans les années 1970, et jusqu’au début des années 1980. La hausse des prix avait frôlé les 15 % sur un an.

Jerome Powell a évoqué « ce que Paul Volcker (président de la Fed de 1979 à 1987, NDLR) et la Fed ont fait pour enfin maîtriser l’inflation après plusieurs tentatives infructueuses », soulignant que « le public en était venu à considérer une inflation plus élevée comme la norme et à s’attendre à ce qu’elle continue ».

De telles anticipations d’inflation entretiennent la spirale inflationniste, rendant encore plus douloureuse la lutte contre cette hausse des prix.  

« Le temps presse », a encore averti Jerome Powell.

Il a souligné par ailleurs que « l’histoire met en garde contre un assouplissement prématuré de la politique » monétaire, signalant que la Fed continuera à resserrer sa politique pour ralentir la consommation, malgré les craintes de récession.

Marché de l’emploi tendu

La banque centrale américaine a relevé ses taux directeurs à quatre reprises depuis mars, et ceux-ci se situent désormais dans une fourchette de 2,25 à 2,50 %.

Elle devrait les relever de nouveau le 21 septembre, lors de sa prochaine réunion. Une nouvelle forte hausse, de trois quarts de points de pourcentage, est sur la table.

La Banque centrale européenne (BCE) a elle aussi agi avec force jeudi, en relevant ses taux de trois quarts de points, du jamais-vu de ce côté-ci de l’Atlantique.

Aux États-Unis, l’inflation a ralenti en juillet, après avoir atteint en juin un plus haut depuis plus de 40 ans. Elle reste cependant très élevée, à 8,5 % selon l’indice CPI et à 6,3 % selon l’indice PCE, celui suivi par la Fed.

L’inflation CPI pour août sera publiée mardi prochain.

L’objectif de la Fed est de ramener l’inflation à 2 %, niveau considéré comme sain pour l’économie.

« Nous espérons obtenir une période de croissance (économique) inférieure à la tendance, ce qui amènera le marché du travail à retrouver un meilleur équilibre, puis cela ramènera les salaires à des niveaux plus compatibles avec 2 % d’inflation dans le temps », a résumé le président de la Fed.  

Car le marché de l’emploi reste très tendu, avec une pénurie de travailleurs importante, contribuant à l’augmentation des prix et des salaires.

« Le choc sur l’offre de main-d’œuvre que nous a causé la pandémie a été important et inattendu, et malheureusement persistant », a souligné Jerome Powell.