Pour garder ses employés, les bars à smoothies et les tables de baby-foot ne suffisent pas toujours. Encore faut-il que leur tâche soit intéressante et valorisante. C’est la voie qu’a choisie la Ville de Dunham pour attirer et conserver les talents dont elle a besoin.

On aurait tort de croire que les organismes publics comme les villes ne vivent pas les mêmes problèmes de recrutement que les entreprises privées, affirme Maxime Boissonneault, directeur général de la petite municipalité de 3500 habitants sise entre Cowansville et Sutton.

« C’est parfois pire que dans le secteur privé, parce qu’on a des contraintes budgétaires que les entreprises n’ont pas », explique-t-il à La Presse.

Limitée quant à la rémunération qu’elle peut offrir à l’embauche, la Ville de Dunham a voulu rendre les tâches à accomplir intéressantes et plus valorisantes pour ses 52 employés.

Autonomie et liberté, telle pourrait être la nouvelle devise de la Ville en matière de ressources humaines. Une devise qui, pour s’appliquer dans la vraie vie, doit pouvoir se mesurer. La Ville a donc fait appel à des outils qui existent, mais qui sont rarement utilisés dans le secteur public, selon Maxime Boissonneault.

L’organisation a par exemple obtenu la certification BonBoss qui reconnaît la nature humaine des organisations.

L’organigramme de la Ville reflète l’importance accordée aux employés.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Maxime Boissonneault, directeur général de la Ville de Dunham

Chaque employé devient, en quelque sorte, un entrepreneur et est responsable de ses tâches avec le soutien et l’apport des orientations de la direction générale.

Maxime Boissonneault, directeur général à Dunham

Les patrons n’ont pas disparu de l’organigramme, mais ils laissent plus de place aux employés, explique Noémie Germain, cheffe de division, planification et gestion de projets. « J’ai des patrons, mais je suis tellement autonome que je me sens comme si j’étais ma propre patronne », affirme l’urbaniste.

Noémie Germain avait fait son stage de fin d’études à Dunham et n’avait qu’une envie, y retourner. Ce qu’elle a fait lorsque l’occasion s’est présentée l’an dernier.

Ce qu’elle apprécie le plus ? « J’aime l’ambiance, la possibilité de télétravail et les horaires flexibles. Et la liberté. Ce n’est pas nécessaire de se rapporter tout le temps à quelqu’un d’autre. »

À Dunham, aucune présence minimale n’est requise au bureau. Les employés bénéficient aussi d’un droit à la déconnexion, un avantage précieux à l’ère du télétravail.

Prendre le pouls

Pour que le plan, si bon soit-il, se traduise dans la réalité quotidienne, il faut pouvoir suivre de près son application.

Toutes les deux semaines, les employés reçoivent un questionnaire provenant d'Officevibe, un produit de l’entreprise québécoise GSoft, pour faire état de ce qui les préoccupe. Cette consultation, qui peut être anonyme ou non, permet à la direction générale de corriger la trajectoire au besoin et en continu.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Quelques employés de la Ville de Dunham, de gauche à droite : Sonia Grosset, le maire Pierre Janecek, Ève Sano-Gélinas, Noémie Germain, Christophe Savoie et Dominic McGee

« Ça marche », assure Noémie Germain, dont un grief, celui de ne pas avoir un endroit agréable pour manger et se reposer, a été résolu par la création d’un coin bistro accessible à tout le monde en tout temps.

Dunham a aussi été la première ville du Québec à obtenir la certification Concilivi, qui atteste que son engagement envers la conciliation travail-famille n’est pas que des mots. La municipalité s’est dotée d’une charte de conciliation travail-famille qui précise noir sur blanc des mesures comme les horaires flexibles, la contribution supplémentaire de l’employeur lors des congés parentaux et les vendredis après-midi de congé à l’année.

Consultez la Charte de déclaration de conciliation travail-famille de Dunham

Les efforts de la Ville pour devenir un meilleur employeur ont produit des résultats, affirme son directeur général. « Actuellement, nous avons une banque de CV de candidats intéressés à venir travailler à la Ville, alors que nous n’avons aucun poste à pourvoir », illustre Maxime Boissonneault.

La recette de Dunham intéresse aussi d’autres villes, et son directeur général quittera bientôt son poste pour occuper les mêmes responsabilités à Rigaud. L’environnement de travail ne changera pas pour autant, assure Maxime Boissonneault. « Les mesures mises en place sont des mesures permanentes et adoptées par le conseil municipal », précise-t-il.

Consultez le site de BonBoss Consultez le site de Concilivi