Le repositionnement d’Investissement Québec (IQ) et l’arrivée de Guy LeBlanc aux commandes en 2019 ont mené à un ménage dans la haute direction de la société d’État qui a coûté 1,4 million en indemnités de départ et provoqué le départ de huit vice-présidents.

Ce portrait a été brossé par le bras financier de l’État québécois dans une récente réponse à une demande formulée en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.

Les départs se sont échelonnés entre 2019 et 2022.

« Tous ces changements sont survenus dans un contexte où l’on transformait de fond en comble le mandat d’IQ, explique la porte-parole de l’organisation, Gladys Caron. Il y a eu des départs volontaires. Des postes ont aussi été abolis. »

Ces nombreux changements s’ajoutent à une réforme de la rémunération qui a permis aux employés de la société d’État d’obtenir des primes annuelles plus généreuses. Celles-ci se sont chiffrées à 12 millions l’an dernier – un sommet.

Lisez « La flambée des primes se poursuit chez IQ »

Le plus récent départ est survenu en avril dernier, quand Alexandre Sieber a quitté son poste de premier vice-président au financement corporatif – une fonction qu’il occupait depuis 2019 – d’un « commun accord », affirme Mme Caron.

« Vers le mois de mars, voyant que son mandat était livré, d’un commun accord, il a été convenu qu’il quitterait l’organisation », a-t-elle dit.

M. Sieber a néanmoins eu droit à une indemnité de départ de 379 000 $.

La prime la plus généreuse avait été versée à Paul Buron, autrefois aux commandes des programmes gouvernementaux. Celui-ci avait obtenu 425 000 $, ce qui représentait environ un an de salaire.

Un visage différent

Le repositionnement d’IQ décrété par le gouvernement Legault a considérablement fait grossir la taille de la société d’État, qui accapare désormais des ressources qui étaient éparpillées dans l’appareil gouvernemental. Cette dernière a, par exemple, avalé le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) et les bureaux régionaux du ministère de l’Économie et de l’Innovation.

Deux des huit vice-présidents qui ne sont plus chez IQ n’ont pas obtenu de prime en partant. Il s’agit d’Iya Touré, qui était aux commandes de Ressources Québec, et d’Éric Dequenne, autrefois responsable des affaires internationales. Le premier est délégué général du Québec à Dakar depuis 2020 tandis que le second occupe le poste de sous-ministre adjoint, relations économiques et interministérielles, au ministère des Relations internationales et de la Francophonie depuis octobre 2019.

Un recentrage et l’arrivée d’un nouveau président peuvent généralement se traduire par des changements, reconnaît Ivan Tchotourian, professeur spécialisé dans la gouvernance à l’Université Laval. Dans le cas d’IQ, l’expert y va d’un bémol.

« Huit, c’est un gros chiffre dans une haute direction, dit-il. Il y a un ménage. On veut faire une rupture avec le passé. Pour avoir consenti autant d’argent afin de changer la direction, il faut que cela soit justifié. »

M. Tchotourian estime que l’on est en droit de s’attendre à davantage de stabilité chez IQ à la suite des nombreux départs survenus depuis 2019.

Professeur du département de management de l’Université Laval, Yan Cimon n’a pas de boule de cristal pour savoir ce qui attend le bras financier de l’État au cours des prochaines années. Globalement, une tendance s’observe après plusieurs changements, affirme l’expert.

« Souvent, lorsqu’il y a des changements stratégiques importants sur une période donnée, il y a une tendance à la stabilisation dans les postes de haute direction, explique M. Cimon. Il n’est pas inhabituel d’observer un certain roulement dans ces fonctions. Il y a une course pour les gestionnaires de qualité. »

En 2021-2022, IQ a livré un rendement de 7,6 %. Cette performance est loin du résultat de 25 % obtenu l’année précédente, période où les marchés boursiers se sont emballés.

Avec William Leclerc, La Presse

En savoir plus
  • 1100
    Il s’agit du nombre d’employés chez Investissement Québec au 31 mars dernier. La société d’État en comptait 534 en 2019.
    investissement Québec
    21
    IQ compte maintenant 21 dirigeants, comparativement à 14 il y a trois ans.
    investissement Québec