Émilie*, 45 ans, est une professionnelle en éducation et une mère seule de deux enfants de 11 et 13 ans.

La situation

Elle bénéficie d’un emploi bien rémunéré et d’un revenu d’appoint par l’entremise d’une pension alimentaire versée par le père de ses deux enfants.

Ses revenus annuels aux environs de 101 000 $ par année, soit un peu moins de 70 000 $ en revenus nets après impôts et déductions, lui permettent de subvenir assez justement au train de vie familial.

Émilie constate que sa capacité d’épargne pour se constituer un fonds de réserve et un actif financier autonome de son emploi est relativement faible.

Dans son bilan financier personnel, l’actif est très concentré dans la valeur nette de la maison familiale (environ 280 000 $ après solde du prêt hypothécaire) et dans sa participation au solide régime de retraite des employés du secteur public québécois (RREGOP, à prestations déterminées).

En contrepartie, l’actif financier accumulé par Émilie en REER autonome de son emploi se limite à 26 000 $. Aussi, Émilie n’a encore effectué aucune cotisation dans son compte d’épargne libre d’impôt (CELI) ni établi de régime enregistré d’épargne-études (REEE) pour ses deux enfants.

Pour ce qui est du passif, outre le solde de prêt hypothécaire de 119 000 $ dont le renouvellement est imminent, le bilan financier d’Émilie affiche un solde impayé de 8000 $ sur des cartes de crédit à haut taux d’intérêt, ainsi qu’un solde de 8000 $ sur une marge de crédit hypothécaire à un taux de 3,7 %.

Les chiffres

Actifs financiers :


– En régime enregistré d’épargne retraite (REER) : 26 000 $
– En compte d’épargne libre d’impôt (CELI) : 0 $
– En régime enregistré d’épargne-études (REEE) : 0 $
– En compte d’épargne courante : 1000 $
– En régime de retraite du secteur public québécois (RREGOP) : à prestations déterminées de 70 % du salaire après 35 années de service ou au 60e anniversaire d’Émilie

Actifs non financiers :


– Résidence familiale : environ 400 000 $

Passif :

– Solde de prêt hypothécaire : 119 000 $
– Solde de cartes de crédit : 8000 $
– Solde de marge de crédit hypothécaire : 8000 $

Revenus annualisés :

– D’emploi : 92 000 $
– De pension alimentaire : 11 880 $

Principaux débours annualisés :

– Liés à la résidence : env. 21 000 $/an
– Liés au style de vie familial : env. 45 000 $/an
– Liés à l’épargne/placement (REER) : 1320 $/an

Les questions

Dans ce contexte, Émilie cherche des conseils en matière de planification financière afin d’être en mesure de réaliser ses projets prioritaires à moyen et à long terme.

En premier lieu, Émilie veut avoir les moyens de financer adéquatement les études postsecondaires de ses enfants, prévues dans quelques années.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Université McGill

En deuxième lieu, Émilie souhaite se constituer un coussin d’épargne en vue du remplacement d’ici deux ou trois ans de son automobile, qui prend de l’âge.

Pour le moment, elle en estime le coût total aux environs de 25 000 $, à financer par prêt auto ou par crédit-bail sur quelques années.

En troisième lieu, Émilie anticipe d’avoir à effectuer dans quelques années des travaux de rénovation et d’entretien sur la maison familiale. Le budget envisagé serait de l’ordre de 25 000 $ à 30 000 $.

Enfin, à plus long terme, Émilie s’interroge sur l’optimisation de son épargne autonome en vue de la retraite, considérant qu’elle participe déjà à un solide régime de retraite à prestations déterminées du secteur public québécois.

Les questions et les préoccupations d’Émilie ont été soumises pour analyse-conseil à David Paré, qui est planificateur financier et conseiller en épargne-placements dans « L’équipe Lacasse, Paré, Bédard », qui est affiliée à Desjardins Gestion de patrimoine dans la région de Québec.

Les conseils

D’emblée, David Paré considère que la situation financière d’Émilie est « somme toute bonne » vu sa situation de responsabilités parentales et son emploi professionnel assorti d’un solide régime de retraite.

En contrepartie, sur le plan budgétaire, David Paré constate l’absence d’une marge de manœuvre en cas de coûteux imprévus dans le train de vie familial.

PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS GESTION DE PATRIMOINE

David Paré, planificateur financier et conseiller en épargne-placements dans « L’équipe Lacasse, Paré, Bédard »

« Pour le moment, tout indique que c’est un solde impayé sur la carte de crédit qui sert un peu de marge de manœuvre. Mais c’est beaucoup trop coûteux en intérêts, alors qu’elle a déjà une marge de crédit hypothécaire disponible », souligne David Paré.

Dans ce contexte, il recommande en priorité à Émilie de profiter du très prochain renouvellement de son prêt hypothécaire pour y ajouter une somme de remboursement des soldes de ses cartes de crédit et de sa marge de crédit hypothécaire.

Aussi, David Paré suggère à Émilie d’ajouter à son prochain solde de prêt hypothécaire une somme de 25 000 $ qui pourrait servir de réserve de fonds pour ses projets de remplacement de véhicule et de travaux de rénovation sur la maison familiale.

« En procédant ainsi, Émilie pourra non seulement consolider ses dettes dans un même prêt hypothécaire à de meilleures conditions, mais elle pourra aussi regrouper ses divers remboursements en un seul paiement hypothécaire qui serait moindre que le total de ses paiements actuels », indique David Paré.

Selon ses calculs, avec un solde de nouveau prêt hypothécaire rehaussé de 119 000 à 160 000 $, amorti sur 15 ans et à un taux d’intérêt d’environ 4,5 %, Émilie aurait ensuite un seul paiement mensuel d’environ 1200 $.

« C’est presque 1000 $ de moins par mois que ce qu’Émilie débourse ces temps-ci en paiement hypothécaire et en remboursement partiel des soldes de cartes de crédit et de marge de crédit, souligne David Paré.

« Par conséquent, c’est avec ce millier de dollars en liquidités disponibles qu’Émilie pourrait amorcer la réalisation de son principal objectif financier à moyen terme : préparer le financement adéquat des études postsecondaires de ses deux enfants. »

Épargne-études

À commencer par le renflouement accéléré d’un compte d’épargne-études (REEE) pour l’aîné de 13 ans.

« Il lui reste 4 ans – jusqu’à 17 ans – d’admissibilité aux subventions fiscales équivalentes à 30 % des cotisations à son REEE jusqu’au maximum de 2500 $ par année courante, plus 2500 $ par année antérieure sans cotisations, explique David Paré.

« En cotisant au maximum de 5000 $ par an [env. 415 $ par mois] et en ajoutant les subventions fiscales au fil des ans, le solde du REEE de l’enfant aîné d’Émilie serait d’au moins de 26 000 $ à son 17e anniversaire. Ça s’annonce une belle somme pour appuyer ses projets d’études postsecondaires. »

Quant au REEE pour l’enfant âgé de 11 ans, David Paré recommande à Émilie de commencer les cotisations au fil de ses liquidités disponibles, mais en se limitant au maximum fiscalisé de 2500 $ par année.

« Parce que son enfant cadet a encore six ans d’admissibilité de cotisations au REEE avant son 17e anniversaire, Émilie peut attendre à la fin des cotisations doubles [courantes et de rattrapage] au REEE dans son enfant aîné, soit dans quatre ans, avant d’augmenter les cotisations au REEE du cadet jusqu’au montant maximal de “rattrapage” des années sans cotisations, explique David Paré.

« À ce rythme [2500 $ par an pendant quatre ans, ensuite 5000 $ par année pendant deux ans], le capital accumulé dans le REEE du cadet et majoré des subventions au fil des ans pourrait approcher les 28 000 $ à son 17e anniversaire. Comme pour l’aîné, ça serait un bon total pour amorcer ses études postsecondaires. »

Dans le même sens, David Paré signale à Émilie qu’en cas de surplus budgétaires au fil des prochaines années, elle aurait un avantage financier et fiscal à les utiliser d’abord pour augmenter les cotisations au REEE de son enfant cadet jusqu’au montant maximum admissible à la subvention fiscale, au lieu d’effectuer des cotisations à ses comptes CELI et REER personnels.

« La planification d’épargne retraite pour Émilie est déjà bien établie avec le solide régime de retraite du secteur public québécois, d’où la faible nécessité d’en ajouter par le REER et le CELI pour le moment, indique David Paré.

« Toutefois, après la fin des cotisations aux REEE de ses enfants, et la réalisation sans trop de surcoûts de ses projets de remplacement d’auto et de travaux sur la maison, Émilie pourrait utiliser ses surplus budgétaires alors prévisibles pour renflouer son REER au maximum des cotisations admissibles au crédit d’impôt. »

Ce faisant, explique David Paré, Émilie pourra aussi optimiser le rendement fiscal des cotisations à son REER alors qu’elle sera vraisemblablement à ses années de plus haut revenu d’emploi imposable.

Quand son REER aura été rempli au niveau admissible fiscalement, Émilie pourra ensuite utiliser d’éventuels surplus budgétaires pour accélérer le remboursement final du prêt hypothécaire, selon les conditions permises, ou cotiser à son compte CELI en guise de placements pour usage ultérieur et non imposables.

* Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, le prénom utilisé est fictif.

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