Le groupe allemand Daimler propose d’amener du travail au Québec pour permettre à son partenaire québécois Autobus Thomas d’être admissible aux aides financières du programme d’électrification du transport scolaire. La réponse du gouvernement Legault sera déterminante pour l’avenir de l’entreprise familiale, qui joue ses dernières cartes.

Ce plan a été présenté au ministère des Transports du Québec (MTQ) le 7 mars dernier. La Presse l’a obtenu en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels. La proposition est toujours en cours d’analyse.

Thomas Build Buses, division de Daimler, bonifierait d’environ 40 % ses activités de finition à Drummondville. Construit en Caroline du Nord, l’autobus électrique ne serait pas prêt à rouler à sa sortie de l’usine. Le véhicule serait transporté chez Autobus Thomas, qui effectuerait l’installation des sièges, la finition intérieure de la cabine, l’inspection avant livraison et l’installation d’autres composants. Le temps de travail passé sur chaque autobus atteindrait 90 heures.

Ce scénario permettrait aussi à Autobus Thomas d’embaucher jusqu’à 25 employés – plus de 50 % de son effectif actuel.

« Je crois quand même que le gouvernement tient à maintenir des entreprises sur le territoire québécois, souligne la vice-présidente des opérations chez Autobus Thomas, Véronique Dubé. C’est 80 % de nos revenus qui disparaîtraient si on ne trouvait pas de solution. »

Cette dernière ne passe pas par quatre chemins : le statu quo placera l’entreprise familiale fondée il y a plus de 40 ans dans une situation financière « précaire et difficile ».

Plusieurs critiques

Autobus Thomas, Girardin Blue Bird et Autobus Leeds Transit jugent que le programme d’électrification du transport scolaire, doté d’une enveloppe de 250 millions, est trop sévère. Pour être admissible aux subventions, l’autobus doit être assemblé au Canada. Il s’agit d’une mesure pour favoriser la production locale, comme on en trouve aux États-Unis.

Toutefois, une seule entreprise répond à l’exigence pour les modèles C et D (la catégorie qui représente environ 80 % des autobus d’écoliers au Québec) : Lion Électrique, qui compte l’État québécois parmi ses actionnaires.

Un autobus scolaire au diesel coûte près de 100 000 $ tandis que la version électrique se vend environ 300 000 $. À cause de l’écart, les transporteurs scolaires optent seulement pour les modèles subventionnés.

Depuis environ un an, tous les autres distributeurs et constructeurs écartés demandent au gouvernement Legault de changer son fusil d’épaule.

« Sans ces produits [les autobus scolaires électriques], Autobus Thomas ne sera pas en mesure de continuer à exercer ses activités commerciales et de poursuivre son développement », souligne l’entreprise, dans une autre présentation datée du 27 mars dernier.

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On discute

Il reste à voir si Québec mettra de l’eau dans son vin. Ce n’est pas la première fois que le programme est critiqué par des acteurs du transport scolaire. Selon le MTQ, la « notion d’assemblage » comprend la « fixation d’équipements fonctionnels sur le châssis du véhicule » comme le moteur électrique et les roues.

Ces aspects ne figurent pas dans la proposition de Daimler. Néanmoins, les échanges se poursuivent avec Québec, confirme Claudia Loupret, attachée de presse du ministre des Transports, François Bonnardel.

Dans un courriel, elle n’a pas donné de détails sur l’état des échanges entre le gouvernement Legault ainsi que la multinationale allemande et son partenaire québécois.

« On voit positivement chaque proposition d’entreprise qui souhaite assembler des véhicules électriques au Québec », s’est limitée à écrire Mme Loupret.

La vice-présidente d’Autobus Thomas n’a pas voulu entrer dans les détails de ses discussions avec le gouvernement Legault, mais elle a confirmé que les échanges se poursuivaient.

Parallèlement à la vente d’autobus d’écoliers, l’entreprise de Drummondville effectue l’entretien de 4500 autres autobus qui circulent actuellement sur les routes du Québec.

Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse

En savoir plus
  • 10 000
    C’est le nombre approximatif d’autobus scolaires en circulation au Québec.
    SOURCE : gouvernement du québec
    2600
    Le gouvernement Legault ambitionne d’ajouter 2600 autobus d’écoliers à propulsion électrique sur trois ans sur les routes.
    SOURCE : gouvernement du québec