La première mine de terres rares à être exploitée au Canada a commencé à livrer ses premiers minéraux concentrés de ses installations des Territoires-du-Nord-Ouest.

« Le Canada et ses alliés se libèrent de la chaîne d’approvisionnement de terres rares en provenance de la Chine », soutient David Connelly, le président Cheetah Resources à qui appartient la mine Nechalacho située au sud-ouest de Yellowknife, dans les Territoires-du-Nord-Ouest.

Les terres rares sont un groupe de métaux aux propriétés communes comme l’ytterbium, le lanthane ou le gadolinium. Ils sont essentiels dans la fabrication des ordinateurs, des diodes électroluminescentes, des éoliennes, des véhicules électriques et de plus autres produits nécessaires pour diminuer l’empreinte du carbone sur le monde.

Les experts prédisent que ce marché connaîtra une forte croissance, passant de 6,8 milliards en 2021 à plus de 12 milliards d’ici 2026.

À l’heure actuelle, près de 60 % de ces minéraux sont extraits en Chine. L’exploitation minière mondiale est aussi entre les mains d’entreprises chinoises. L’arrivée de Nechalacho peut changer la donne.

« [Nechalacho] est l’une des rares mines en Amérique du Nord qui ne fournit pas sa production à la Chine », affirme M. Connelly.

Le gisement, qui contient 15 éléments différents, a été découvert en 1983. L’idée d’exploiter la mine a été soumise aux autorités, il y a plus d’une décennie.

Le projet a nécessité une grande consommation d’eau. Il pourrait créer de grands bassins de résidus. Les autorités environnementales des Territoires-du-Nord-Ouest l’a approuvé tout en faisant état qu’il pourrait avoir des répercussions nécessitant des mesures d’atténuation des risques.

Les minéraux bruts sont réduits à la taille d’un gravier avant de passer sous un senseur. « C’est une grosse machine à rayon X sur un tapis roulant qui sépare le quartz blanc des autres éléments plus lourds et plus denses », décrit M. Connelly.

Le produit concentré est transporté par péniche jusqu’à Hay River. De là, il sera livré en train à une usine de traitement des terres rares à Saskatoon construite par Vital Metals, l’entreprise à qui appartient Cheetah. Le gouvernement provincial veut établir dans ce secteur un site de traitement des terres rares et un centre de recherches.

Les premières cargaisons devraient arriver à l’usine en juin.

Le produit raffiné sera vendu à un client en Norvège. Là, chaque élément individuel sera séparé des autres et transformé en barres métalliques.

Nechalacho espère produire 25 000 tonnes de concentrés par année d’ici 2025. Le gisement est assez vaste pour fournir de l’approvisionnement pendant plusieurs décennies, estime M. Connelly.

Lorsqu’elle la production aura atteint son plus haut niveau, la mine emploiera environ 150 personnes dans les Territoires-du-Nord-Ouest et environ 40 autres à Saskatoon. Le personnel n’est pas très nombreux pour une mine. Selon M. Connelly, les travailleurs auront une grande influence sur l’économie du Nord puisqu’ils résideront dans la région.

À l’heure actuelle, 40 des 50 employés de la mine demeurent dans le Nord, ajoute-t-il. Environ 70 % d’entre eux sont Autochtones. Cheetah a signé une entente avec la Première Nation des Dénés Yellowknives pour la gestion de l’exploitation minière.

M. Connelly dit que son entreprise espère pouvoir éventuellement établir un partenariat avec les différents groupes autochtones de la région.

Toutefois, Nechalacho n’est pas seulement une exploitation importante pour les Territoires-du-Nord-Ouest.

Un approvisionnement de terres rares provenant d’une source intérieure pourra contribuer à sauver l’industrie automobile au pays, avance M. Connelly. Il sera plus facile pour le Canada d’atteindre ses objectifs climatiques et renforcer sa sécurité nationale en pouvant compter sur un approvisionnement sûr de produits essentiels, poursuit-il.

Selon le gouvernement fédéral, on compte 13 projets d’exploitations miniers de terres rares, la plupart en Saskatchewan et au Québec. La production pourrait bientôt être lancée à la mine de Kipawa, au Québec, qui appartient au même propriétaire australien de Cheetah.

« Le Canada possède certaines des plus importantes réserves et ressources connues [mesurées et indiquées] de terres rares au monde, estimées à plus de 14 millions de tonnes d’oxydes de terres rares en 2021 », indiquait le ministère fédéral des Ressources naturelles.