Le congé de la relâche vient à peine de se terminer que l’industrie touristique québécoise planifie déjà son été à « 100 % de capacité ». Cette année, l’objectif sera à la fois de convaincre les gens d’ici de continuer à prendre leurs vacances chez eux tout en attirant les touristes étrangers après deux ans d’absence.

L’invasion de l’Ukraine et le taux de change pourraient toutefois influencer le choix de destination des Québécois et des touristes étrangers, selon plusieurs acteurs de l’industrie.

Alors que la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, annonçait lundi une aide financière, sous forme de prêts, de plus de 31 millions à 20 entreprises hôtelières pour leur permettre d’améliorer leurs infrastructures, l’organisme Évènements Attractions Québec s’affaire à préparer des journées de recrutement de la main-d’œuvre, qui auront lieu les 25 et 26 mars, en prévision de la saison estivale. On invite ainsi les candidats intéressés à se rendre sur le site d’Évènements Attractions Québec pour connaître les besoins de l’industrie. Pour les différentes entreprises, les multiples portes ouvertes et entrevues visent à pourvoir près de 10 000 postes.

« Le retour des croisières internationales, l’ouverture des frontières internationales, l’ouverture sur l’Ontario, [la mise en place] de vols directs avec Québec : beaucoup de démarches qu’on a faites en amont mettent aujourd’hui la table pour le retour des [vacanciers] québécois et également des touristes internationaux », a indiqué au bout du fil la ministre Proulx, alors qu’elle se trouvait au Saguenay–Lac-Saint-Jean pour faire l’annonce de l’aide financière apportée au secteur hôtelier.

Mais après deux années à sillonner la province, les Québécois ne risquent-ils pas de boucler leurs valises afin de s’envoler vers d’autres destinations ? « Je n’ai pas les données sur les intentions des Québécois, admet Mme Proulx. On travaille là-dessus. »

Pendant la pandémie, il y a beaucoup de Québécois qui ont fait des investissements : des motoneiges, des chalets, de l’équipement sportif, des motomarines, des roulottes. Il y a beaucoup de Québécois qui vont décider de découvrir le Québec et de rentabiliser les achats qu’ils ont faits au cours des deux dernières années.

Caroline Proulx, ministre du Tourisme

En 2021, grâce à l’afflux de visiteurs d’ici, l’été a été particulièrement achalandé pour bon nombre d’hôteliers du Québec. À un point tel que les établissements de certaines régions comme les Îles-de-la-Madeleine, la Gaspésie, le Bas-Saint-Laurent et la Côte-Nord ont enregistré pendant la saison estivale des taux d’occupation supérieurs à ceux de 2019, 2018 et 2017, soit avant la pandémie, alors que les frontières étaient toutes grandes ouvertes aux visiteurs étrangers. Les régions de Québec et de Montréal, destinations prisées par les touristes internationaux, n’ont toutefois pas connu le même sort que les autres. Reste maintenant à voir combien de Québécois décideront de demeurer ici pour l’été à venir.

« Si, dans le cycle de vacances, un Québécois qui visitait le Québec une fois tous les quatre ans le fait maintenant tous les trois ans, on aura gagné cette effervescence-là », ajoute pour sa part François-G. Chevrier, directeur général d’Évènements Attractions Québec, dont l’organisme représente plus de 250 festivals et 200 attraits touristiques.

« Aux Québécois qui auront envie de prendre le large et de quitter le pays, on a ce défi-là de leur dire que s’ils sont tombés en amour avec certains coins de la province, on espère qu’ils vont conserver cette curiosité », poursuit-il.

« Au cours des deux dernières années, il y a plusieurs régions à l’extérieur de Montréal et de Québec qui ont bénéficié de l’apport du marché intérieur. Et là, tout va résider dans la confiance des voyageurs, autant à l’étranger qu’ici même », croit Martin Soucy, président-directeur général de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec.

M. Soucy rappelle que, avant la pandémie, les Québécois dépensaient 8 milliards de dollars pour leurs vacances à l’extérieur, alors que les touristes hors Québec généraient ici des recettes de 4 milliards.

Ce dernier souhaite voir revenir en grand nombre les visiteurs de l’Ontario, des États-Unis et de la France, notamment, qui représentent les principaux marchés hors Québec. Selon les données fournies par le ministère du Tourisme, les recettes touristiques étaient de 16,4 milliards en 2019, contre 7 milliards en 2021. De décembre 2018 à novembre 2019, 3 382 146 touristes internationaux sont entrés au pays en passant par le Québec, contre 765 281 entre décembre 2019 et novembre 2020 et 474 738 entre décembre 2020 et novembre 2021.

Incertitudes

Par ailleurs, la situation actuelle en Ukraine pourrait freiner les ardeurs des vacanciers d’ici et d’ailleurs. « La guerre en Ukraine, ça peut avoir un impact des fois sur le fait de vouloir ou non sortir du Québec, affirme Martin Soucy. Ça peut nous aider sur le marché intérieur. Normalement, quand il y a des conflits à travers le monde, ça réduit un peu l’intensité de vouloir voyager à l’extérieur. »

Un article publié dans La Presse le 11 mars affirmait toutefois que la hausse du prix du carburant et la guerre en Ukraine n’avaient pas eu d’effet – ou très peu – pour le moment sur le prix des billets d’avion et sur l’engouement des voyageurs québécois désireux d’aller dans des destinations soleil ou en Europe. La situation pourrait changer rapidement, si l’on en croit les experts consultés par La Presse dans l’article publié en écran 3 aujourd’hui.

Lisez l’article « Forfaits et billets d’avion : pas plus chers pour l’instant »