(New York) Le rebond de la veille aura été de courte durée : les Bourses occidentales ont piqué à nouveau du nez jeudi devant l’absence de progrès diplomatique sur un cessez-le-feu en Ukraine, l’accélération de l’inflation américaine et la normalisation de la politique monétaire en zone euro.

Après un répit éphémère mercredi qui faisait suite à une période prolongée de repli, les indices européens ont de nouveau flanché : Paris a perdu 2,83 %, Francfort 2,93 % et Milan 4,20 %, alors que les investisseurs s’attendaient à un ton plus souple de la Banque centrale européenne (BCE). Londres a terminé en baisse de 1,54 %.

L’échec des chefs de la diplomatie russe et ukrainienne à s’accorder sur un cessez-le-feu en Ukraine a aussi pesé, de même que la crainte des effets possibles de l’inflation-au plus haut depuis janvier 1982-sur la croissance américaine.

À New York, Wall Street est parvenu à limiter ses pertes grâce à la poursuite du repli des cours du pétrole.

Le Dow Jones a cédé 0,34 %, l’indice NASDAQ, très influencé par les valeurs technologiques, a lâché 0,95 %, et l’indice élargi S&P 500, 0,43 %.

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré jeudi que les États-Unis et ses alliés européens pourraient imposer des sanctions supplémentaires à la Russie, évoquant les « atrocités » contre les civils qui « semblent s’intensifier ».

De son côté, le président russe Vladimir Poutine a prévenu jeudi que les sanctions occidentales visant son pays en lien avec l’Ukraine allaient aggraver la crise énergétique et l’inflation des prix alimentaires à l’échelle mondiale.

En zone euro, alors que les investisseurs s’attendaient à un adoucissement du discours monétaire, la Banque centrale européenne a décidé jeudi d’accélérer le retrait progressif de ses rachats de dette face à l’envolée de l’inflation, tout en se laissant le temps d’agir sur les taux.

Autre surprise : la BCE n’affirme plus, contrairement à ce qu’elle a fait jusqu’ici, qu’un arrêt de ces achats de dette sera automatiquement suivi d’une hausse des taux directeurs, qui serait la première depuis 2011.  

La hausse pourrait, selon la présidente de la BCE Christine Lagarde, aussi bien intervenir « la semaine suivante » que « des mois plus tard » en fonction des données économiques.

Mais cambistes et investisseurs en général ont davantage retenu la révision en baisse des prévisions de croissance de la BCE, à 3,7 % désormais contre 4,2 % jusqu’ici, mais aussi le bond de la projection d’inflation, à 5,1 % pour 2022 contre 3,2 % précédemment.

Les valeurs minières étaient globalement en forte hausse à la Bourse de Londres, à l’exception des entreprises exposées à la Russie comme Polymetal International qui a reculé de 2,86 % à 151,25 pence ou le géant de l’acier Evraz, dont le milliardaire russe Roman Abramovitch, visé par des sanctions du gouvernement britannique, est le principal actionnaire.

Le titre a été suspendu en milieu de séance. Il affichait alors une baisse de 12,6 % à 80,89 pence et de 76 % depuis le début de l’année.

À Francfort, BMW a dévissé de 5,51 % à 72,00 euros. Le constructeur a vu ses ventes baisser de 14 % sur un an au quatrième trimestre.

De côté du pétrole, de l’euro et du bitcoin

Les cours du pétrole ont reculé jeudi, le président russe Vladimir Poutine ayant assuré que la Russie maintenait toutes ses livraisons d’hydrocarbures, malgré les sanctions occidentales.  

Le baril de Brent de la mer du Nord, référence de l’or noir en Europe, pour livraison en mai a reculé de 1,62 % à 109,33 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en avril a chuté de 2,46 % à 106,02 dollars.

Le gaz naturel européen se détendait aussi après un record à près de 350 euros le mégawattheure lundi.

L’euro cédait 0,79 % à 1,0988 dollar.

Le bitcoin (-5,88 % à 38 429 dollars) cédait une grande partie des gains de la veille acquis après le lancement du chantier d’un « dollar numérique ».