La Caisse de dépôt et placement du Québec se targue d’avoir atteint ses objectifs environnementaux pour l’année 2020, mais cette réussite est notamment attribuable à la faible performance récente des titres liés aux énergies fossiles.

Dans son rapport annuel 2020, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) indique que l’intensité carbone de son portefeuille a baissé de 38 % par rapport à 2017. La CDPQ dépasse ainsi l’objectif d’une baisse de 25 % qu’elle s’était fixé pour 2020. Cet indice est désormais estimé à un peu moins de 50 tonnes d’équivalent CO2 émises par million de dollars investis, comparativement à 79 en 2017 et 63 en 2019.

La CDPQ calcule aussi avoir 36 milliards en actifs qu’elle qualifie de « sobres en carbone », qui incluent des investissements en mobilité durable, en énergie renouvelable et en immobilier. Ces actifs ont doublé de valeur dans le portefeuille de la Caisse depuis 2017, dépassant en 2020 l’objectif fixé pour 2025.

« Cette stratégie de réduction carbone couvre l’ensemble de notre portefeuille et pas seulement une classe d’actifs spécifique et nous a amenés à ajouter une composante « carbone » dans la rémunération variable de nos équipes, incitation qui s’est avérée très efficace pour atteindre nos objectifs », a précisé Kate Monfette, des relations médias de la CDPQ, par courriel.

Contexte défavorable

Ce succès environnemental est attribuable à la stratégie de la CDPQ, mais aussi à un contexte défavorable à l’investissement dans les énergies fossiles.

« Au-delà de la montée de l’investissement social, si le pétrole avait des rendements de 25 %, ça serait autre chose, commente Emmanuel Raufflet, professeur à HEC Montréal. On est dans un contexte où le prix du pétrole n’est pas très sexy actuellement. Les entreprises en Alberta ont de la difficulté parce que leurs coûts d’exploitation sont élevés et que les prix sont bas. »

Selon M. Raufflet, le secteur pétrolier a perdu sa centralité dans le domaine boursier au profit des titres technologiques.

Comme exemple de cette perte de valeur, la CDPQ a acheté plus de 5 millions d’actions de l’entreprise Suncor, spécialisée dans l’extraction de sables bitumineux, détenant désormais tout près de 19 millions de titres. Malgré cet achat, la valeur de l’investissement dans l’entreprise est passée de 588 millions en 2019 à 404 millions en 2020.

La CDPQ doit publier sous peu son Rapport sur l’investissement durable pour l’année 2020.