Adopté ces jours-ci à Washington, l’énorme plan d’investissements en infrastructures annoncé à hauteur de 1200 milliards US d’ici huit ans pourrait être fructueux pour les grandes firmes canadiennes de génie-conseil.

De l’avis d’analystes, des entreprises comme les montréalaises WSP Global et SNC-Lavalin, ainsi que l’albertaine Stantec pourraient être en position avantageuse lorsque sera déployé ce plan d’investissements en infrastructures d’une ampleur historique, de l’avis de son principal instigateur, le président Joe Biden.

« Ce plan d’investissement comprend surtout des allocations [budgétaires] pour les routes et les ponts, les transports en commun, l’eau, les infrastructures électriques, la protection des côtes [maritimes] et l’assainissement de l’environnement. Or, ce sont des domaines dans lesquels Stantec, WSP Global et la division Atkins de SNC-Lavalin occupent des positions de chef de file en Amérique du Nord », souligne Frederic Bastien, analyste des secteurs industriels et du génie-conseil à la firme d’investissement Raymond James, de Vancouver.

« Considérant que Stantec génère environ la moitié de ses revenus aux États-Unis, cela pourrait signifier une croissance organique supplémentaire de 3 % pour l’entreprise jusqu’en 2026 », anticipe M. Bastien dans une brève note à ses clients-investisseurs obtenue par La Presse.

« Quant à WSP Global et SNC-Lavalin, qui tirent respectivement environ 40 % et 20 % de leur chiffre d’affaires d’activités aux États-Unis, [la mise en place du plan d’infrastructures] pourrait se traduire par augmentations de revenus allant de 2,5 % à 1,5 % sur une période de quelques années. »

De bon augure

Chez Valeurs mobilières Desjardins, l’analyste montréalais Benoit Poirier estime aussi que le déploiement de l’énorme plan d’investissements en infrastructures du gouvernement américain est de bon augure pour les ambitions et les perspectives de croissance aux États-Unis des firmes de génie-conseil de souche canadienne.

« Bien qu’il ne soit pas prévu qu’il ait un impact majeur sur ces entreprises avant dix ou neuf mois, en raison notamment des processus de gestion et d’approbation des projets, ce plan d’investissement pourrait être un élément-clé des ambitions de croissance aux États-Unis pour les principales entreprises canadiennes d’ingénierie-conseil et de construction », indique l’analyste de Desjardins dans une note aux investisseurs obtenue par La Presse.

« Pour le moment, la firme Stantec a la plus forte exposition au marché américain, à environ 50 % des revenus suite à son acquisition de Cardno [génie-conseil aux États-Unis et en Australie]. Elle est suivie par WSP Global, qui aura bientôt environ 35 % de ses revenus provenant des États-Unis suite à son acquisition de Golder & Associates. »

En second plan, anticipe l’analyste Benoit Poirier, « le plan d’investissement en infrastructures pourrait soutenir des entreprises comme SNC-Lavalin – à 20 % des revenus aux États-Unis –, ainsi que les torontoises IBI Group – à 30 % des revenus aux États-Unis – et Aacon – encore peu présente aux États-Unis – dans leur désir de développer leurs activités américaines, soit de manière organique [interne], soit par le biais de fusions et acquisitions. »

En Bourse

Entre-temps, en Bourse, les investisseurs en actions des grandes firmes canadiennes en génie-conseil ont aussi été interpellés par leur potentiel d’affaires accru aux États-Unis qui pourrait découler de l’énorme plan d’investissements en infrastructures.

Lundi, lors de la première séance en Bourse depuis l’adoption de ce projet de loi budgétaire à Washington, les investisseurs ont poussé les actions de WSP Global en hausse de près de 2 %, ou 3 $, jusqu’à 173,38 $.

Elles ont terminé en hausse de 1,5 %, ou 2,64 $, à 173,10 $, ce qui constitue un nouveau prix record de fin de séance pour WSP Global, avec sa valeur boursière totale rendue à hauteur de 20,3 milliards.

Du côté de SNC-Lavalin, le sursaut de valeur boursière en mi-séance s’est élevé jusqu’à 3,7 %, ou 3,60 $, pour atteindre 33,84 $ par action. Elle a terminé la séance en hausse de 2,5 %, à 33,48 $ par action.

Significatif à première vue, il ne s’agissait en fait que d’un rebond réconfortant pour les actionnaires de SNC-Lavalin après des mois de volatilité baissière, au fil de résultats trimestriels encore entachés de surcoûts de réorganisation.