Alors que la pandémie a amené les entreprises à réfléchir autrement et à se soucier du bien-être des gens, il faut poursuivre sur cette lancée, croient les instigatrices de la nouvelle alliance « La féminisation du leadership », qui regroupe déjà plus de 125 leaders importants du Québec. Leur premier symposium se tiendra les 27 et 28 octobre.

Lassées qu’on en soit encore à discuter de plafond de verre, d’iniquité salariale et du maigre pourcentage de gestionnaires féminins, trois femmes engagées ont décidé de prendre le taureau par les cornes pour qu’on puisse enfin changer une fois pour toutes les comportements dans les organisations.

« Parce que si on n’est pas capables de régler ces problèmes de fond, on ne sera pas capables de passer à une prochaine évolution de la société que, nous, on appelle la féminisation du leadership », explique lors d’une entrevue par vidéoconférence l’une des trois instigatrices, Élisabeth Deschênes.

La démonstration n’est plus à faire, mais les statistiques témoignent de l’ampleur du déséquilibre. Seulement 14 % des PDG canadiens sont des femmes (2019), moins de 30 % des femmes sont présentes dans les domaines de l’informatique, de la physique et des génies électrique, mécanique, minier, informatique et physique, et ce, à tous les niveaux universitaires (2020), tandis que 78 % des algorithmes en intelligence artificielle sont conçus par des hommes.

L’idée de l’alliance est née à l’été 2020 lors d’une rencontre entre ces trois femmes au CV bien garni : Danièle Bergeron, administratrice de sociétés et présidente et associée de La Société des Leaders de Marques, Élisabeth Deschênes, présidente de ZA communication, et Ruth Vachon, présidente-directrice générale du Réseau des femmes d’affaires du Québec (RFAQ).

« On s’est créé un code de conduite avec des valeurs pour déterminer avec qui on avait envie de discuter pour faire avancer les choses, explique lors de la rencontre virtuelle Danièle Bergeron. On ne voulait pas jaser pour jaser, on voulait vraiment qu’il se passe quelque chose. »

« Écho » système et « non ego » système

Un an plus tard, jamais elles n’auraient imaginé que leur alliance compterait plus de 125 membres issus de tous les milieux et de toutes les industries. Une alliance qui n’est pas un mouvement parallèle aux organismes qui défendent l’égalité entre les hommes et les femmes ou qui soutiennent les femmes dans la progression de leur carrière, précisent-elles, mais qui les inclut pour parler d’une seule voix et qu’elle soit plus forte.

L’alliance vise à instaurer de façon durable des valeurs plus inclusives, plus égalitaires et plus justes au sein des entreprises.

« On est beaucoup dans l’écoute active, la collaboration, l’empathie, la bienveillance. On est en écho système et non en ego système », spécifie Danièle Bergeron.

On veut aussi avoir un impact sur les finances des organisations. On veut reconstruire des bilans qui sont bâtis sur l’humain, et non essentiellement sur la performance financière. Bien sûr, comprenons-nous, on ne veut pas de pauvreté, mais on veut de la prospérité mutualisée.

Élisabeth Deschênes

Les trois leaders souhaitent qu’en changeant les mentalités d’abord au sein des entreprises et des organisations, on puisse finir par changer les comportements et les normes de vie dans toute la société.

« Si on ne prend pas le bateau aujourd’hui, si les leaders des organisations ne le font pas, qui le fera ? », se questionne Élisabeth Deschênes.

L’alliance invite tous ceux et celles qui souhaitent participer au dialogue à son symposium sur la féminisation du leadership, qui aura lieu les 27 et 28 octobre en mode virtuel. Les résultats des discussions et du partage d’études scientifiques, qu’elle envisage riches en idées, seront réunis dans une DéclarAction.

« On fait le souhait que les prochains siècles, les centaines d’années, peut-être, soient sous cette lumière-là, la féminisation du leadership, pour que chacun puisse s’épanouir pleinement dans les organisations et dans la société », conclut Mme Deschênes.