La grande majorité des entreprises québécoises cherche aujourd’hui à améliorer son bilan environnemental. La prise de conscience sur la nécessité d’agir est généralisée et le temps où l’on opposait environnement et économie est derrière nous. Les coûts économiques et sociaux de la crise climatique sont largement documentés et on observe malheureusement un peu plus chaque année les impacts des catastrophes naturelles qui se multiplient.

Ce qui est encore méconnu ou mal documenté, en revanche, ce sont les occasions économiques découlant d’une réduction de notre empreinte carbone. L’économie circulaire peut y contribuer, et son potentiel, au Québec, est immense.

L’économie circulaire est un exemple concret de cette convergence entre gains socioéconomiques et environnementaux. S’inscrivant dans une logique de développement durable, l’économie circulaire est un modèle économique reposant sur une douzaine de stratégies qui visent à conserver le plus longtemps possible la valeur économique des produits et de leurs composants, de manière à minimiser le recours aux ressources vierges. Autrement dit, on vise à réduire l’extraction et la consommation de ressources et à en utiliser le moins possible lors de la fabrication d’un produit, à allonger sa durée de vie en le gardant en circulation le plus longtemps possible et ensuite à le récupérer et le réutiliser lorsqu’il arrive à la fin de sa vie utile. La boucle est ainsi bouclée !

Mais si tous peuvent reconnaître les mérites d’un tel modèle, comment l’appliquer concrètement dans le quotidien de nos entreprises ?

On rencontre tous les jours des dirigeants et dirigeantes d’entreprise désireux d’agir, mais plusieurs se demandent comment et par où commencer. Les signataires de cette lettre se sont tous donné pour objectif, pour les prochains mois, de développer les compétences en économie circulaire des entrepreneurs et des dirigeants québécois qui souhaitent aller de l’avant et de les outiller pour passer à l’action. Pour y arriver, nous lançons donc un parcours de formation et une importante tournée virtuelle dans les 17 régions administratives en vue de contribuer à accélérer le passage du Québec à l’économie circulaire.

Au cœur de cette initiative, la présence d’acteurs majeurs issus du milieu socioéconomique autant que des milieux environnemental et universitaire témoigne également de la volonté de mettre en commun les expertises et la force de nos réseaux respectifs pour accompagner les entreprises d’ici, qu’elles soient des grands centres ou des régions.

Nous sommes au milieu d’une reprise économique encore incertaine. L’économie circulaire doit constituer un pilier de cette relance économique qu’on veut plus verte et plus durable.

C’est non seulement une façon de contribuer à la réduction des émissions de carbone, mais également un vecteur de croissance pour des entreprises de tous les secteurs d’activité et un créateur d’une nouvelle richesse collective pour l’ensemble des Québécois.

L’économie québécoise repose encore fortement sur un modèle d’économie linéaire, c’est-à-dire sur une logique « extraire – transformer – consommer – jeter ». Un récent rapport de Circle Economy, mandaté par RECYC-QUÉBEC, évalue l’indice de circularité de l’économie québécoise à 3,5 %, ce qui signifie qu’une part importante des ressources que nous utilisons pour satisfaire nos besoins termine son cycle de vie dans un lieu d’élimination ou se retrouve dans l’environnement sous forme de déchets. La nécessité d’outiller nos entreprises est donc critique et pressante.

Nos entrepreneurs y découvriront sans doute des bénéfices insoupçonnés. Au-delà des avantages pour la planète, l’économie circulaire assure un accès aux ressources localement et diminue la dépendance aux sources d’approvisionnement à l’étranger. Elle permet aussi de se prémunir en partie contre les fluctuations de prix ou des pénuries de matières premières.

Assurément, les changements climatiques auront des impacts économiques encore plus importants et surtout plus permanents que ceux causés par la COVID-19. Plus que jamais, c’est le moment pour le milieu des affaires du Québec d’emboîter le pas à l’économie circulaire. Les femmes et les hommes qui dirigent les entreprises d’ici qui feront ce virage en retireront des bénéfices économiques qui ne seront que plus évidents avec le temps.

* Autres signataires : Sonia Gagné, présidente-directrice générale, RECYC-QUÉBEC ; Nicolas Girard, directeur général, Fonds d’action québécois pour le développement durable (coordonnateur national du Fonds Écoleader) ; Claude Maheux-Picard, directrice générale du Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTEI) ; Pascal Harvey, directeur général, réseau des SADC et CAE

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