(Montréal) Le premier ministre François Legault a rencontré son homologue de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, pour parler, entre autres, d’hydroélectricité lundi à Montréal.

Les deux hommes se voyaient en personne pour la première fois. Ils ont discuté de différentes possibilités qui s’offrent à eux dans le secteur de l’énergie, sans toutefois entrer dans des négociations formelles.

À sa sortie de la rencontre, le premier ministre Furey a affirmé aux journalistes qu’il comprend que certains résidents de sa province ont des réticences à l’idée d’un rapprochement avec le Québec concernant l’hydroélectricité.

« Je peux déjà imaginer des gens en train de dépoussiérer leur clavier pour écrire des messages de panique après cette rencontre. Je veux les rassurer : aucun détail spécifique n’a été évoqué en vue d’un potentiel accord, et s’il y en avait un, nous serions très ouverts à ce sujet et nous ferions en sorte que tout le monde comprenne que ce serait dans le meilleur intérêt des Terres-Neuviens-et-Labradoriens », a affirmé M. Furey aux journalistes lors d’une conférence virtuelle après la rencontre.

Les deux provinces ont déjà tenté le coup, en 1969, lors d’un partenariat entre Hydro-Québec et le projet Churchill Falls. Ce contrat est toutefois encore mal vu à Terre-Neuve-et-Labrador, où plusieurs le considèrent comme « injuste » et « désavantageux ».

L’entente, qui a rapporté à ce jour près de 28 milliards de profit au Québec contre seulement 2 milliards pour Terre-Neuve-et-Labrador, est toujours en vigueur et a survécu à plusieurs contestations devant les tribunaux.

La rencontre de lundi est survenue quelques jours après que certains médias eurent rapporté qu’un accord a été signé dans le dossier de Churchill Falls, qui verrait Hydro-Québec payer 25 millions à sa province voisine.

Lorsque questionné à propos de la réaction de M. Legault face à cet accord, M. Furey a affirmé qu’en tant que premier ministre du Québec, son homologue « représente les intérêts des Québécois, évidemment ».

« Mais je crois que nous sommes d’accord sur le fait que ce n’est pas une entente très équilibrée », a-t-il ajouté.

Lundi, le cabinet du premier ministre Legault a indiqué par courriel que la province continuerait de « collaborer avec Terre-Neuve afin d’arriver à des opportunités énergétiques ». « Nous sommes des partenaires. Notre vision est ambitieuse : faire du Québec la batterie du nord-est de l’Amérique », a-t-on affirmé simplement, disant ne pas « commenter les rencontres privées du premier ministre ».

Des inquiétudes à l’idée qu’un scénario similaire à l’entente de 1969 se répète ont émergé en mai à Terre-Neuve-et-Labrador, lorsqu’une équipe du premier ministre Furey chargée de la relance économique a recommandé de vendre les ressources hydroélectriques de la province, dont pourrait faire partie Churchill Falls, au plus offrant.

M. Furey a rappelé que les installations de Churchill Falls appartiennent à sa province et que lorsque le contrat avec Hydro-Québec prendra fin, en 2041, Terre-Neuve-et-Labrador en sera le principal exploitant.

Autre élément de discorde, le projet hydroélectrique de Muskrat Falls a alimenté les débats avant le début de la présente campagne électorale fédérale.

Quelques semaines avant le déclenchement des élections fédérales, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé une entente de principe qui prévoit une nouvelle contribution fédérale de 5,2 milliards pour aider Terre-Neuve-et-Labrador à couvrir les coûts de son projet hydroélectrique de Muskrat Falls, qui ont augmenté de 77 % depuis son annonce en 2012.

Le Bloc québécois, le PLQ et le PQ ont dénoncé ce financement fédéral, y voyant une concurrence déloyale à Hydro-Québec.

Sur Twitter, M. Legault a écrit : « Bonne rencontre ce matin avec @FureyAndrew, premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, en visite au Québec. Nous avons discuté d’éventuels partenariats dans les secteurs de l’hydroélectricité et des mines. »

Le cabinet du premier ministre n’a toutefois pas précisé si le projet de Muskrat Falls a été abordé lors de la rencontre.