Finis les 15 $ l’heure, la FTQ revendique désormais de fixer le salaire minimum à 18 $ l’heure. Et elle prévient qu’elle révisera sa revendication chaque année.

Cette prise de position de la plus grande centrale syndicale du Québec est d’autant plus importante que c’est elle qui avait lancé le mouvement au Québec, le 1er mai 2016, pour que le salaire minimum y soit fixé à 15 $ l’heure. Depuis, elle était devenue la locomotive du mouvement.

« C’est devenu évident que 15 $ l’heure, ce n’est plus suffisant pour sortir de la pauvreté », a justifié en entrevue avec La Presse Canadienne mardi, le président de la FTQ, Daniel Boyer.

Qui plus est, depuis qu’elle a lancé le mouvement au Québec — qui avait pris naissance aux États-Unis avec Fight for 15 — plusieurs provinces canadiennes ont rehaussé leur propre salaire minimum, dont l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique.

De plus, une pénurie de main-d’œuvre sévit au Québec, rappelle le président de la centrale syndicale qui compte plus de 600 000 membres.

Depuis le 1er mai dernier, le salaire minimum est fixé à 13,50 $ l’heure au Québec.

Dans les faits, Québec fixe le taux du salaire minimum en proportion du salaire moyen, afin dit-il de ne pas nuire aux petites et moyennes entreprises et à l’économie en général. Et Québec ne veut pas non plus favoriser le décrochage scolaire.

Cette façon d’établir le salaire minimum en fonction du salaire moyen a toujours irrité la FTQ.

« Je l’ai toujours dit : le salaire moyen a quoi à voir avec le fait de sortir de la pauvreté, peu importe le pourcentage ? Nous, on dit que cette méthode de calcul-là, elle est à rejeter. On veut véritablement une mesure qui va nous permettre de calculer un salaire minimum pour sortir de la pauvreté », explique M. Boyer.

Le montant de 18 $ l’heure a été fixé en tenant compte de la Mesure de faible revenu (MFR) et d’études sur les besoins pour sortir de la pauvreté. La FTQ revendique 18 $ l’heure pour 2022 et elle révisera sa position chaque année, basée sur des études chiffrées.

Pénurie de main-d’œuvre et PCU

Le problème de la pénurie de main-d’œuvre, qui touche fortement les emplois à plus bas salaires, ce n’est pas la Prestation canadienne d’urgence (PCU) ou les prestations qui y ont succédé, contrairement à ce que disent les employeurs, qui demandent d’abolir ce type de prestations, plaide M. Boyer.

« Le problème, c’est que les salaires sont trop bas. Écoutez : il y a plein de monde qui recevaient plus avec la PCU que le salaire qu’ils avaient (avant la pandémie). Y a quelque chose qui ne marche pas ! », s’exclame le président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec.

« Tant que les salaires ne seront pas élevés, on n’incitera pas nécessairement le monde à aller travailler », résume-t-il.