La gestionnaire québécoise Manon Brouillette relèvera tout un défi professionnel : elle se joint à la haute direction du géant américain des télécoms Verizon.

L’ex-PDG de Vidéotron a été nommée jeudi numéro deux de la division consommateurs de Verizon. Elle occupera le nouveau poste de cheffe de l’exploitation et vice-PDG de la division consommateurs, la plus importante division de l’entreprise. Celle-ci génère des revenus annuels de 88,5 milliards US, soit environ 70 % des revenus de Verizon.

Manon Brouillette, 52 ans, devient ainsi l’une des rares personnes de Québec inc. à occuper un poste aussi prestigieux dans le milieu des affaires aux États-Unis. Elle rejoint un club sélect comprenant très peu de membres, le plus connu étant Patrick Pichette, chef de la direction financière de Google de 2008 à 2015. Très peu de femmes du Québec ont occupé des fonctions aussi importantes aux États-Unis – à titre d’exemple, la Québécoise Martine Ferland est PDG de la firme internationale de ressources humaines Mercer, dont le siège social est situé à New York.

« Je me sens privilégiée, a dit Mme Brouillette jeudi en entrevue à l’émission Zone économie, sur ICI RDI. Même moi, je suis un peu surprise. C'est comme exceptionnel pour une personne du Canada comme moi, qui vient de la Mauricie, de se retrouver dans la plus grande entreprise de télécommunication, quasiment, au monde. »

Chez Verizon, Manon Brouillette aura notamment comme mandat de développer des expériences 5G et de continuer la transformation de Verizon en une entreprise technologique, a indiqué la société jeudi.

« Manon apporte une valeur inestimable à notre équipe. Elle a construit et développé des marques, amenant des entreprises vers de nouveaux marchés avec une croissance rapide, mais durable. Elle a la ténacité d’une entrepreneure et une expérience des conseils d’administration au sein d’entreprises en démarrage axées sur l’expérience des utilisateurs comme Sonder et Lightspeed. Son nouveau rôle est conçu pour nous aider à maintenir notre excellence opérationnelle alors que nous soutenons nos clients dans un monde 4G tout en nous tournant vers un avenir à forte croissance en 5G », a indiqué par voie de communiqué Ronan Dunne, vice-président directeur de Verizon et PDG de la division consommateurs de Verizon.

Deuxième entreprise de télécoms en importance aux États-Unis, Verizon vaut 235 milliards US à la Bourse de New York et est au 24rang des entreprises américaines inscrites en Bourse (tous secteurs confondus). Le siège social de Verizon est situé à New York. (En guise de comparaison, la plus importante entreprise canadienne en Bourse, Shopify, vaut 184 milliards CAN ou 156 milliards US.)

« C'est [...] un défi qui va me permettre de me développer, a-t-elle encore dit sur les ondes d’ICI RDI. J'ai le vertige, un peu. Donc c'est parfait, dans la jeune cinquantaine, d'être encore comme ça au bout de ses orteils, comme on dit. »

14 ans chez Vidéotron

Née en Mauricie et diplômée en marketing de l’Université Laval, Manon Brouillette a passé la majorité de sa vie professionnelle chez Vidéotron, où elle a été présidente et cheffe de la direction de 2014 à 2018. Elle a pris le monde des affaires par surprise en décidant de quitter son poste à la tête de Vidéotron à la fin de l’année 2018, après 14 ans au sein de l’entreprise de télécoms appartenant à Québecor.

« L’une de mes plus grandes fiertés, c’est d’avoir eu le courage de quitter ce qui est quasiment le plus bel emploi de PDG au Québec [celui de Vidéotron], d’avoir écouté ma petite voix intérieure. On avait du succès et j’étais très engagée dans mon travail. Mais je voulais sortir de ma zone de confort », avait dit Manon Brouillette lors d’une entrevue accordée à La Presse en décembre 2020 (sa première entrevue en deux ans).

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En 2020 et 2021, Manon Brouillette a été nommée au sein de plusieurs conseils d’administration au Canada (Banque Nationale, Lightspeed) et aux États-Unis (Altice USA).

À la fin de l’année 2020, Manon Brouillette avait confié en entrevue à La Presse qu’elle aimait beaucoup sa nouvelle vie professionnelle composée de défis variés, mais qu’elle n’écartait pas la possibilité de retourner un jour à la gestion quotidienne d’une entreprise. « Il faut des conditions gagnantes, avait-elle dit. Je sais le type de défis que j’aime. S’il y a une super organisation qui passe à travers une transformation et qui a besoin de mon expertise, je ne pense pas que je pourrais dire non. »

Dans la foulée, Manon Brouillette quitte le conseil d'administration de Lightspeed. « Manon a apporté des connaissances et une expertise inestimables à notre entreprise au cours de son mandat sur notre conseil », a dit dans un communiqué Dax Dasilva, fondateur et PDG de Lightspeed, qui s'est par ailleurs engagée à atteindre une représentation minimale de 33 % de femmes au sein de son conseil avant son assemblée annuelle d'août 2022.