Grandé Studios a des projets d’agrandissement : le studio du quartier Pointe-Saint-Charles, à Montréal, ajoutera de 30 000 à 50 000 pieds carrés d’espace de tournage à ses installations d’ici le début de l’année 2022 pour accueillir des productions hollywoodiennes. Depuis son inauguration en 2016, Grandé Studios a 220 000 pieds carrés d’espace de tournage.

« On agrandit parce qu’on voit de la demande additionnelle. On a des contrats qui seront confirmés très bientôt, qui nous demandent d’ajouter des espaces de tournage », dit Andrew Lapierre, vice-président exécutif et cofondateur de Grandé Studios.

Ce projet d’agrandissement survient alors que les studios de tournage au Québec n’arrivent plus à répondre à la demande en provenance d’Hollywood.

Selon le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), la province doit presque doubler son espace de tournage d’ici quelques années, de 447 000 à 800 000 pieds carrés, pour répondre à la demande d’Hollywood.

Une telle hausse permettrait de faire passer le volume des tournages étrangers de 400 millions à 800 millions de dollars par an. De nombreux investisseurs, québécois comme étrangers, évaluent actuellement la possibilité de construire de nouveaux studios de tournage dans la région de Montréal.

De son côté, Grandé Studios ira de l’avant avec son projet d’agrandissement d’ici le début de l’année 2022. L’entreprise ajoutera de 30 000 à 50 000 pieds carrés d’espace de tournage (en plus de 40 000 pieds carrés pour des ateliers, des entrepôts et des bureaux), selon le volume des contrats de tournage que l’entreprise parviendra à conclure au cours des prochains mois.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Intérieur de l’un des studios Grandé

Au Québec, deux studios accueillent des tournages de films et de séries télé en provenance d’Hollywood : les studios MELS, propriété du Groupe TVA depuis 2014, qui sont en activité depuis des décennies (espace de tournage : 247 000 pieds carrés, selon le rapport de la firme RCGT), et Grandé Studios, lieu de tournage inauguré en 2016. Andrew Lapierre, Iohann Martin et Mitsou Gélinas sont les actionnaires majoritaires de Grandé Studios, qui compte aussi Investissement Québec et Bell comme actionnaires minoritaires.

À au moins 250 000 pieds carrés d’espace de tournage au début de l’année 2022, Grandé Studios pourrait tout juste devenir le plus important des deux studios de tournage au Québec, si les studios MELS n’ont pas de projets d’agrandissement. Le Groupe TVA n’a pas répondu à La Presse jeudi quant à savoir s’il avait des projets d’expansion pour les studios MELS.

À moyen terme, Grandé Studios étudie déjà une deuxième phase d’expansion. Mais forcément à l’extérieur de son site actuel, à Pointe-Saint-Charles, qui sera totalement utilisé en 2022 (impossible d’y faire un nouvel agrandissement).

On regarderait d’autres sites dans les environs. Les terrains [disponibles] sont de plus en plus rares, mais il reste encore des terrains très intéressants.

Andrew Lapierre, vice-président exécutif et cofondateur de Grandé Studios

« Nous sommes toujours motivés par la demande grandissante [pour les tournages de productions hollywoodiennes]. Le volume mondial [de productions] augmente tellement, et Toronto et Vancouver sont tellement actifs. »

Bientôt des « hubs » de production à Montréal ?

Un concept à Toronto qu’Andrew Lapierre aimerait bien voir s’implanter à Montréal : un « hub » de production où sont regroupés dans un même quartier studios de tournage, studios d’effets visuels, fournisseurs techniques, hôtels où loger l’équipe de production, condos et restaurants. « Ce sont des mini-villes de production, où on offre un service clés en main aux productions américaines, résume Andrew Lapierre. L’objectif est de rendre ça facile pour les productions. »

Il faudrait construire les nouveaux studios de tournage à Montréal avec ce modèle des « hubs » de production, conclut le rapport de RCGT commandé par le gouvernement du Québec et le BCTQ. C’est justement ce que font les villes concurrentes comme Toronto (Pinewood Studios et Basin Media Hub), New York (Kaufman Astoria Studios, dans le Queens, et Steiner Studios, à Brooklyn) et Atlanta (Trilith). « La Ville de Toronto et l’Ontario ont investi beaucoup en prêts à long terme et en subventions, ils voient que c’est un centre névralgique », dit Andrew Lapierre.

Le Québec offre un crédit d’impôt de 20 % sur les dépenses de tournage des productions étrangères dans la province. L’Ontario et la Colombie-Britannique offrent des crédits d’impôt semblables. Sur des tournages de 400 millions par an (la prévision pour 2021), le crédit d’impôt coûte environ 80 millions par an au Trésor québécois. Le rapport de RCGT suggère de majorer le crédit d’impôt pour des producteurs qui s’engagent à long terme et de façon récurrente – par exemple, si Netflix s’engageait à tourner des productions sur beaucoup d’années à Montréal, comme le géant américain l’a déjà fait à Toronto et à Vancouver.