(Montréal) À 10 jours du déclenchement possible d’une grève dans l’industrie de la construction, les négociations s’intensifient entre les parties.

Théoriquement, une grève pourrait toucher l’industrie à compter du 21 mai. Mais il y a espoir, puisque les associations patronales et l’Alliance syndicale, qui regroupe les cinq organisations syndicales reconnues dans l’industrie, sont toujours en pourparlers.

Jointes mardi, les deux parties n’ont pas voulu donner d’entrevue, à la demande des conciliateurs affectés au dossier.

Les quatre conventions collectives — une par sous-secteur de l’industrie — qui concernent quelque 190 000 travailleurs dans l’industrie sont échues depuis le 30 avril. Et la médiation qui avait eu cours et qui venait à échéance à la même date n’a pas été prolongée.

Le compte à rebours est donc commencé avant l’exercice possible de moyens de pression.

Pour les travailleurs, le temps presse, puisqu’ils ne touchent pas d’augmentations de salaire rétroactives à la date d’échéance des précédentes conventions collectives, comme c’est le cas dans les autres secteurs d’activité économique.

Les associations d’employeurs sont aussi intéressées à régler pour tourner la page, puisque les entrepreneurs en construction font face à une forte demande dans tous les secteurs : résidentiel, rénovation, construction de routes, d’infrastructures. Et le gouvernement Legault mise beaucoup sur les projets d’infrastructures pour son plan de relance économique.

Points en litige

Le principal point en litige est le recours aux applications mobiles sur le téléphone portable des travailleurs, afin de leur permettre d’y inscrire leurs heures de travail et leurs heures supplémentaires.

Les associations patronales y voient une nécessaire modernisation de l’industrie, une adaptation aux nouvelles technologies.

Mais les syndicats craignent pour la vie privée de leurs membres, à cause de la géolocalisation et du fait que l’employeur a recours à l’appareil qui appartient au travailleur.

En novembre dernier, le Tribunal d’arbitrage avait d’ailleurs donné raison à la FTQ-Construction, en statuant que ces applications mobiles ne pouvaient remplacer les horloges de pointage, en vertu des conventions collectives actuelles.

Les salaires semblent moins poser problème. Aussi, des avancées ont été réalisées sur le régime de retraite et le régime d’assurances collectives, a rapporté une des associations patronales, la semaine dernière.

Le ministre du Travail et de l’Emploi, Jean Boulet, s’est déjà dit prêt à mettre à la disposition des parties tous les outils possibles pour faciliter la conclusion d’une entente pour les conventions collectives 2021-2025.