Le Syndicat des débardeurs du port de Montréal, affilié au Syndicat canadien de la fonction publique, envisage toujours la grève générale illimitée, qui doit débuter le lundi 26 avril à 7 h.

Le syndicat avait fait parvenir l’avis de grève à l’Association des employeurs maritimes (AEM) vendredi matin. « Trente-six heures plus tard, l’employeur ne nous a toujours pas rappelés. C’est silence radio », déplore le porte-parole syndical Michel Murray.

À moins d’une entente de dernière minute, la grève, qui toucherait quelque 1150 débardeurs, contremaîtres et travailleurs de l’entretien, tient toujours. « J’en ai négocié, des conventions collectives dans ma vie. Je n’ai jamais eu un employeur aussi silencieux. C’est “Monsieur Silence” », soutient M. Murray.

Jointe par La Presse, l’AEM a confirmé qu’il n’y avait eu « aucun nouveau développement » depuis 36 heures, et qu’elle serait à la rencontre de médiation prévue lundi. Si M. Murray déplore que l’affaire se soit rendue jusque-là, il se dit encore « optimiste ». « Nos membres sont prêts et motivés à obtenir des réponses. »

Modification des horaires

C’est la modification des horaires de travail qui avait été annoncée jeudi par l’AEM qui a provoqué le dépôt d’un préavis de grève de 72 h, a soutenu le syndicat plus tôt la semaine dernière. Ce changement d’horaire « va avoir un impact négatif sur la conciliation travail-vie personnelle, alors même qu’on est à une table de négociation pour tenter de trouver une entente pour modifier les horaires de travail avec nos gens », avait insisté Michel Murray.

Il a fait savoir que si l’employeur retire cette nouvelle mesure, qu’il veut mettre en place le lundi 26 avril, le syndicat renoncera sur-le-champ aux grèves partielles entamées le 14 avril et à la grève générale prévue lundi.

« La balle est dans le camp de l’employeur », a alors lancé le porte-parole syndical. En fin de matinée vendredi, les deux parties ont reçu un avis de convocation du Service fédéral de conciliation et de médiation pour le lundi 26 avril au matin, convocation dont le syndicat n’a pris connaissance qu’après sa conférence de presse.

Ce nouvel imbroglio fait suite à une série de mesures et de contre-mesures annoncées de part et d’autre depuis deux semaines.

Le 10 avril, l’AEM avait avisé qu’elle cesserait de payer les heures non travaillées à partir du 13, ce qui avait entraîné dès le 14 la riposte d’une grève partielle en soirée et les week-ends.

Devant cette baisse de productivité, l’employeur a annoncé le jeudi 22 avril qu’il morcellerait dès le 26 avril l’horaire en continu, qui associe normalement trois opérateurs à deux grues pour permettre la manipulation des conteneurs 24 heures sur 24.

Des entreprises inquiètes

Des entreprises déplorent la tenue de cette grève, qui entraînera l’arrêt complet et illimité des activités portuaires. La PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec, Véronique Proulx, affirme qu’elle nuira à la relance économique.

« Une grève illimitée aura des impacts importants pour les entreprises. Les manufacturiers et les exportateurs du Québec ne sont pas assis à la table de négociation, mais ils sont les plus [touchés] par la situation actuelle », dit Mme Proulx.

Elle affirme que ces perturbations entraînent des coûts et des délais supplémentaires, qui affectent directement quelque 6000 entreprises utilisatrices du port.

Avec Marc Tison, La Presse