(Ottawa) Les contrôleurs de trafic aérien signalent que Nav Canada envisage des licenciements, et ce, même si l’organisation reçoit une éventuelle aide financière fédérale, ce qui compromettrait selon eux la sécurité des passagers.

Des coupes toucheraient cette fois des travailleurs indispensables et rendraient des corridors aériens moins sûrs partout au pays, selon l’Association canadienne du contrôle du trafic aérien.

Quelque 60 emplois sont en jeu dans sept tours de contrôle allant de Whitehorse à Windsor, tandis que la société à but non lucratif chargée des services de navigation aérienne au pays soupèse une réduction de son personnel. Près de 1000 postes ont déjà été abolis l’an dernier.

« Le risque augmente considérablement sans un service de contrôle », soutient le dirigeant syndical Doug Best, notant que celui-ci permet aux pilotes de se concentrer sur les commandes de leur appareil.

Devant le comité des transports de la Chambre des communes, plus tôt ce mois-ci, le président et chef de la direction de Nav Canada, Ray Bohn, a laissé savoir que de potentiels licenciements étaient à l’étude indépendamment de tout soutien du gouvernement fédéral.

Si Nav Canada ferme les sept tours de contrôle de manière permanente, les pilotes continueraient de recevoir des informations sur la circulation aérienne avec un service réduit, mais ils devraient prendre leurs propres décisions de navigation. Ils seraient en bonne partie laissés à eux-mêmes au décollage et à l’atterrissage.

Le président et chef de la direction de l’aéroport international de Windsor, Mark Galvin, considère les tours de contrôle comme « essentielles » pour assurer la sécurité d’un espace aérien achalandé comme le sien.

M. Galvin rappelle la collision survenue en 1979, entre un petit appareil qui quittait l’aéroport de Windsor et un autre qui s’approchait de l’aéroport avoisinant de Detroit, tuant les cinq personnes à bord.

Et la circulation aérienne n’a fait qu’augmenter depuis, malgré le marasme causé par la pandémie de COVID-19.

Nav Canada a vu ses profits plonger au cours de la dernière année, entraînant environ 720 pertes d’emploi depuis le mois de mars, parmi plus de 5200 employés. Une autre vague de 180 départs a été annoncée en décembre.

Malgré ces coupes, Ray Bohn a reconnu avoir touché une prime l’an dernier, avec 7 millions distribués en bonus aux centaines de membres de la direction de l’organisme.

Les cadres ont néanmoins vu leurs salaires et pensions diminuer considérablement en raison de la pandémie, a souligné M. Bohn.

Dans une déclaration transmise par courriel, le porte-parole Brian Boudreau a souligné que Nav Canada doit adapter ses services aux demandes du marché.

Transports Canada indique que la fermeture de tours de contrôle requiert le feu vert du ministre fédéral des Transports à la suite d’une évaluation de la sécurité.

La potentielle suppression de 60 postes de contrôle aérien viendrait s’ajouter à près de 50 mises à pied prévues en juin dans les centres de contrôle de Gander, à Terre-Neuve, de Moncton, au Nouveau-Brunswick et de Montréal, au Québec.

Le ministère fédéral des Finances continue de négocier avec le secteur de l’aviation en vue d’un plan de secours, qui doit être conditionnel à la protection des emplois, au maintien de liaisons régionales et au remboursement des vols annulés.

Or, les négociations se déroulent principalement avec les compagnies aériennes, plutôt que d’autres acteurs de l’industrie.

Les tours de contrôle dans la ligne de mire de Nav Canada sont celles de Saint-Jean-sur-Richelieu, Windsor, Sault-Sainte-Marie, Regina, Fort McMurray, Prince George et Whitehorse.