Après avoir crû de 6,5 % en juin, l’économie canadienne a ralenti la course à 3 % en juillet et son rythme de croissance devrait diminuer encore jusqu’à 1 % en août, prévoit Statistique Canada.

Tous les secteurs d’activité ont progressé en août, ce qui ne s’était pas vu depuis 1997. Mais le produit intérieur brut (PIB) reste inférieur de 6 % à ce qu’il était en février, avant la crise du coronavirus.

Fait à souligner, les secteurs des arts et de la restauration, que le Québec vient de reconfiner, sont ceux qui ont connu la croissance la plus vigoureuse en juillet. L’industrie des arts, des spectacles et des loisirs a crû de 14 % et celle de l’hébergement et de la restauration a bondi de 20,1 %.

Malgré ce redressement, ces deux secteurs ont encore beaucoup de chemin à rattraper pour retrouver leur niveau d’avant la crise.

« La production dans le segment des arts et loisirs est à peu près à la moitié du niveau d’avant la COVID-19, souligne l’économiste Jocelyn Paquet, de la Banque Nationale. La production dans les services d’hébergement et de restauration, quant à elle, est à 33,3 % sous les niveaux d’avant la pandémie. »

Pour certains secteurs, c’est le contraire : l’agriculture, les services publics, la finance et l’assurance ainsi que les services immobiliers sont maintenant à des niveaux d’activité supérieurs à ce qu’ils étaient en février.

C’est aussi le cas du commerce de détail, qui avait retrouvé un mois plus tôt le niveau observé en février.

Les chiffres provisoires pour le mois d’août indiquent que l’économie canadienne réduira encore la cadence. Le PIB a augmenté d’environ 1 % en août, estime Statistique Canada, dont les chiffres officiels pour le mois seront publiés le 30 octobre. La croissance s’est poursuivie dans la plupart des secteurs en août, mais pas dans celui du commerce de détail.

Deuxième vague, deuxième plongeon ?

La deuxième vague de l’épidémie, qui force un nouvel arrêt des activités dans certains secteurs au Québec et probablement bientôt ailleurs au Canada, ralentira encore longtemps la croissance économique et pourrait même la stopper complètement.

C’est ce que prévoit l’économiste en chef du Conference Board du Canada, Pedro Antunes. Avec l’arrivée du temps froid et la hausse probable de cas de COVID-19, la reprise ralentira « et risque même de se suspendre complètement ».

« Nous prévoyons que des fermetures localisées cumulées à un recul de l’activité des entreprises et des dépenses des ménages dans certains segments freineront la reprise au Canada jusqu’au milieu de l’année prochaine. »

Les chiffres de juillet reflètent la reprise de toutes les activités sociales partout dans le pays. La production a augmenté autant dans la fabrication (+ 3,2 %) que dans les services (+ 3 %).

La plupart des économistes s’attendaient à ce résultat. Pour le reste de l’année, c’est moins clair. « La situation pour le quatrième trimestre s’annonce moins bonne que l’on pensait initialement », a commenté l’économiste de Desjardins Benoit Durocher.

« La vraie question reste de savoir si la reprise peut durer », estime de son côté Jocelyn Paquet. L’économiste de la Banque Nationale croit que oui, mais il craint que la recrudescence des cas que l’on constate actuellement « entraînera sans doute un important ralentissement au [quatrième trimestre] ».