L’ambitieux projet de la Ville de Montréal d’agrandir le parc-nature du Bois-d’Anjou jusqu’à l’autoroute 40 ne verra pas le jour. La famille Di Lillo, propriétaire du Golf métropolitain Anjou que la Ville rêvait de transformer en parc, a obtenu les permis municipaux pour construire trois bâtiments, dont un entrepôt Costco dans la partie sud-ouest de son parcours de golf.

Situé au 9401, boulevard des Sciences, à l’intersection du boulevard du Golf, ce nouveau Costco remplacera celui du 7373, rue Bombardier, devenu exigu. La superficie du nouvel entrepôt sera de 160 000 pi2 et occupera un terrain de près de 800 000 pi2. Il sera doté d’un stationnement de 840 cases. Son ouverture est prévue l’an prochain.

L’actuel Costco de la rue Bombardier sera converti en Costco pour l’entreprise, a confirmé la société. L’ouverture se fera en 2022. Le Costco pour l’entreprise offre de grands formats destinés aux entreprises comme les restaurants, les traiteurs, les petits hôtels, les bed and breakfast, les dépanneurs et les bureaux. Au Québec, l’enseigne a vu le jour pour la première fois dans l’arrondissement de Saint-Hubert, à Longueuil, il y a deux mois environ.

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Di Lillo a également obtenu le permis de construction pour deux autres bâtiments le long du boulevard du Golf.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Chantier au coin des boulevards du Golf et des Sciences à Anjou, sur le terrain du Golf métropolitain Anjou.

L’entreprise CHEP, fabricant de palettes destinées principalement à l’industrie agroalimentaire, souhaite construire un nouvel entrepôt de 100 000 pieds carrés au 8905, boulevard du Golf, afin d’augmenter sa capacité de fabrication et d’entreposage dans l’est de la région métropolitaine. La filiale canadienne appartenant à la société cotée à la Bourse australienne Brambles entend créer 100 emplois à Anjou.

La société Di Lillo Construction construit un nouveau bâtiment industriel multilocatif aux 9005, 9015 et 9025 du boulevard du Golf, d’une superficie de 90 000 pi2. CHEP et le bâtiment multilocatif sont construits sur le second parcours des 9 trous du Golf métropolitain Anjou dont le nombre de trous a été réduit de 18 à 9 en 2020.

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Ces trois nouveaux bâtiments (Costco, CHEP et le bâtiment multilocatif) viennent amputer de grands pans du territoire visé par l’agrandissement du parc régional du Bois-d’Anjou annoncé par la ville-centre en mai 2018. La Ville de Montréal a même fait adopter une modification au règlement 72 pour changer les limites du parc en ce sens.

« L’arrondissement d’Anjou souhaite actuellement permettre le développement sur une partie du Golf d’Anjou. Ce n’est pas la vision qui était privilégiée par la Ville, explique dans un courriel Robert Beaudry, responsable des grands parcs au comité exécutif de la Ville de Montréal.

La Ville demeure engagée à augmenter la superficie du boisé d’Anjou avec les espaces toujours disponibles dans le périmètre. Nous avons d’ailleurs adopté un règlement sur les limites du parc-nature du Bois-d’Anjou. Ce règlement détermine le territoire potentiel qui peut être protégé, en totalité ou en partie.

Robert Beaudry, responsable des grands parcs au comité exécutif de la Ville de Montréal

« Il faut voir le règlement comme la manifestation d’une intention d’étudier la possibilité d’agrandir le parc et non pas comme un agrandissement effectif du parc », renchérit Charles Bergeron, responsable du développement urbain au Conseil régional de l’environnement de Montréal (CREM), à propos de la modification au règlement 72. Le CREM défend le projet d’aménagement d’un grand parc dans l’est de l’île depuis 2015.

L’agrandissement proposé prévoyait que le parc-nature allait franchir l’autoroute 40 et s’étendre sur une partie des terrains de l’ancienne raffinerie Shell. Le parc serait ainsi passé de 40 hectares à plus de 100 hectares.

Anjou s’était opposé publiquement à l’agrandissement du parc à l’époque. « [Luc] Ferrandez voulait faire un grand parc, dit aujourd’hui Luis Miranda, maire de l’arrondissement d’Anjou. Ce sont des terrains d’une ancienne raffinerie BP. Ils ne sont pas propices à faire un parc, soutient l’élu. [Il a toujours été prévu que le golf serait] temporaire. »

Les gens qui ont le golf sont dans leur droit d’en faire un développement.

Luis Miranda, maire de l’arrondissement d’Anjou

En parallèle à la modification du règlement 72, Montréal avait imposé une réserve foncière sur les lots du golf en juin 2018, pour ensuite la retirer et assujettir, à la place, les lots à un droit de préemption en cas de vente. La ville-centre avait fait ces gestes en réaction au souhait de l’arrondissement d’Anjou de modifier le zonage du golf de façon à permettre un usage commercial comme un Costco, en plus de l’usage industriel qui était déjà permis.

Finalement, Di Lillo est resté propriétaire des terrains sur lequel sont érigés les nouveaux bâtiments. En absence de revente, le droit de préemption ne peut donc pas s’appliquer. Rien n’a pu empêcher l’obtention des permis de construction, Di Lillo étant de plein droit avec le zonage actuellement en vigueur, dit M. Miranda.