La Caisse de dépôt et placement du Québec reçoit une bonne note de la coalition Sortons la Caisse du carbone, qui constate une baisse significative de ses investissements dans les sables bitumineux.

Si cette tendance se maintient, la Caisse pourrait sortir complètement du secteur pétrolier et gazier d’ici cinq ans, résume Sébastien Collard, auteur de l’analyse sur les investissements de la Caisse dans les énergies fossiles et porte-parole de la coalition.

Sortir des énergies fossiles d’ici cinq ans, c’est exactement ce que réclame la coalition Sortons la Caisse du carbone. Contrairement à plusieurs autres grands investisseurs institutionnels, la Caisse a toujours refusé de se retirer du secteur des énergies fossiles. Elle a plutôt mis de l’avant une stratégie de réduction de l’intensité en carbone de son portefeuille.

Cette volonté de diminuer les émissions polluantes par dollar investi commence à porter ses fruits, constate le rapport publié ce jeudi par la coalition Sortons la Caisse du carbone qui couvre la période 2011-2019.

De 2018 à 2019, la Caisse a réduit sensiblement la valeur de ses investissements dans les entreprises qui émettent le plus de gaz à effet de serre, et notamment dans les sables bitumineux. Les investissements de la Caisse dans les sables bitumineux ont diminué de 43 % en 2018, souligne le rapport. Il s’agit de la réduction la plus importante observée depuis 2011. Cette baisse spectaculaire est due en partie à une perte de valeur, mais c’est surtout la vente d’actions qui l’explique, a calculé Sébastien Collard.

Un gazoduc au Brésil

Par contre, la Caisse de dépôt n’a pas abandonné complètement les énergies fossiles. Ses investissements dans les pipelines, les gazoducs et les entreprises de soutien à l’industrie pétrolière et gazière ont augmenté. La Caisse a fait l’acquisition d’un gazoduc au Brésil et ses investissements dans les pipelines ont augmenté de 8,1 % en 2019.

Ce type d’investissement génère moins d’émissions polluantes, mais « il va à l’encontre des autres efforts de la Caisse pour contrer la crise climatique », souligne la coalition.

Des rendements inférieurs

Les 50 plus importants investissements de la Caisse de dépôt dans le secteur des énergies fossiles ont généré un rendement de 8,6 % en 2019, soit 662 millions. Si cet argent avait été investi dans les entreprises de l’indice Dow Jones, il aurait rapporté 22,3 % et gonflé l’épargne collective des Québécois de 1,1 milliard.

Selon la coalition, la Caisse ne peut plus soutenir que désinvestir du secteur des énergies fossiles nuirait à son rendement.

Le rendement positif du secteur en 2019 est seulement le troisième en neuf ans, souligne son analyse. Depuis 2011, le rendement annuel moyen des 50 plus importants investissements de la Caisse est négatif et s’établit à - 2,6 %.

Le secteur des énergies fossiles continuera de sous-performer par rapport aux autres catégories d’investissement, selon la coalition, notamment en raison de la baisse du coût des énergies renouvelables. « La Caisse a tout intérêt à continuer de désinvestir dans le pétrole et le gaz », estime son porte-parole.