Alors qu’on attend toujours l’aval du gouvernement américain à la nouvelle version de l’accord de libre-échange nord-américain, le Mexique est le premier des trois amigos à tomber au combat. Son économie terminera l’année dans le rouge, une première depuis la crise financière de 2008.

C’est aussi la première fois en 40 ans que l’économie mexicaine est en récession alors que celle de son gros voisin américain est toujours florissante. L’économie mexicaine, comme celle du Canada, évolue historiquement dans le même sens que l’économie des États-Unis.

L’économie mexicaine se débat avec plusieurs problèmes, à commencer par les cartels de la drogue et l’immigration illégale, et ce, depuis longtemps. Le gouvernement d’Andrés Manuel López Obrador, qu’on surnomme AMLO, ne semble pas pouvoir faire mieux que ses prédécesseurs pour remédier à ces fléaux.

L’attitude belliqueuse du président américain envers son voisin et important partenaire commercial n’aide pas non plus le Mexique. Les tarifs imposés par l’administration Trump – notamment sur les tomates mexicaines – de même que les menaces de taxes tous azimuts qu’elle profère périodiquement font fuir les investisseurs.

La baisse de régime de l’économie mexicaine risque de se répercuter sur les deux autres partenaires de l’accord, et en premier lieu sur l’économie américaine. L’année dernière, le Mexique a acheté pour 346,5 milliards US de biens produits aux États-Unis et a exporté pour 265 milliards US au nord de sa frontière, selon les données du gouvernement américain.

Le FMI sonne l’alarme

Le gouvernement mexicain fait face à des défis qu’il ne contrôle pas, mais il peut être considéré comme responsable au moins d’une partie des problèmes récents de son pays.

Depuis son accession au pouvoir, il y a un an, le gouvernement de gauche du président Obrador a pris plusieurs décisions catastrophiques pour l’économie. Son obsession pour l’assainissement des finances publiques a donné des résultats, mais elle a aussi fait des dommages collatéraux.

Le président a annulé le projet de construction d’un nouvel aéroport pour la ville de Mexico, même si plus du tiers des travaux estimés à 13 milliards US étaient terminés.

Il a voulu reprendre le plein contrôle de la société nationale de production de pétrole, Pemex, en limitant les investissements étrangers dans le secteur pétrolier. Le résultat préliminaire de ce coup de barre est désastreux. La production de pétrole est à son plus bas depuis et, faute d’investissement, Pemex périclite.

L’agence de notation Moody’s et le Fonds monétaire international (FMI) ont récemment sonné l’alarme. Pemex est la société pétrolière la plus endettée au monde. Sans l’apport de capitaux privés, la production de pétrole ne sera plus une source de création de richesse pour le pays.

Après la publication des plus récentes statistiques du produit intérieur brut, la semaine dernière, le gouvernement a réagi en annonçant des dépenses massives dans les infrastructures. La première phase de ce programme prévoit l’injection de 44,3 milliards US dans des projets liés au transport, au tourisme et aux télécommunications. Une deuxième phase est prévue en janvier, avec des investissements consacrés au secteur de l’énergie.

Cette fois, le gouvernement mexicain a ouvert la porte au secteur privé, qui participera au programme pour ressusciter l’économie. L’homme le plus riche du Mexique, Carlos Sim, a déjà assuré sa participation au plan gouvernemental.

Reste à voir si les investisseurs étrangers seront les bienvenus dans la partie. Ça pourrait intéresser Hydro-Québec, qui n’a encore conclu aucun des investissements à l’étranger annoncés il y a quatre ans.

Au début de 2019, la société d’État québécoise semblait bien près de s’entendre avec le gouvernement mexicain, qui vantait sur YouTube son expertise pour la réfection des centrales hydroélectriques du pays. Depuis, rien ne semble avoir avancé. « Hydro-Québec analyse le marché mexicain et est à établir sa stratégie pour ce pays », s’est contenté de répondre une porte-parole de la société d’État, la semaine dernière.

Avec son plan, l’administration mexicaine espère faire passer la croissance économique de 0 % actuellement à 4 % en 2024. On doit lui souhaiter de réussir, pour le succès de la relation renouvelée des trois amigos.