Trois ans après avoir investi près de 50 millions de dollars dans la relance de la mine de fer du Lac Bloom, le gouvernement du Québec touchera quatre fois sa mise en revendant sa participation à Champion Iron.

La société minière australienne a annoncé, hier, que sa filiale Minerai de fer Québec rachèterait la part de 36,8 % de Ressources Québec pour devenir propriétaire de 100 % de l’exploitation minière en déboursant 211 millions.

« C’était notre intention depuis le départ de devenir propriétaire à 100 % », a expliqué hier le président-directeur général de Minerai de fer Québec, David Cataford, lors d’un entretien avec La Presse.

Le rachat de la participation de Ressources Québec fait partie d’un refinancement qui inclut un investissement de 185 millions de la Caisse de dépôt et placement en actions privilégiées. Cet investissement remplace un prêt de 100 millions consenti par la Caisse. La Banque Scotia et la Société Générale ont, de leur côté, accordé une facilité de crédit de 200 millions US.

Ressources Québec conserve une participation de 8,7 % dans Champion Iron, une entreprise cotée en Bourse dont le titre a bondi de près de 4 %, à 2,88 $, à la Bourse de Toronto, hier.

Cette nouvelle structure de capital réduira considérablement le coût moyen de la dette de l’entreprise minière, qui passera de 13 % à 7,25 %, a souligné M. Cataford.

SOURCE : THOMSON REUTERS

infographie la presse

Avec l’aide du gouvernement québécois, Champion Iron a redémarré la mine du Lac Bloom en février 2018. Poussée par la hausse du prix du fer sur les marchés internationaux, sa filiale Minerai de fer Québec envisage maintenant de doubler sa production, de 7,5 à 15 millions de tonnes par an.

Cette expansion avait déjà été amorcée par l’ancien propriétaire de la mine, Cliff Natural Resources, qui avait investi plus de 1 milliard avant de cesser ses activités en 2014, victime de la chute du prix du fer.

Décision cet été

Grâce à la bonne teneur de son minerai (66 %), la mine du Lac Bloom peut obtenir sur le marché un prix de plus de 125 $US la tonne, alors que son coût de production tourne autour de 50 $US la tonne (transport compris).

Selon David Cataford, le prix du fer devrait se maintenir, en partie parce que Vale, plus important producteur mondial, a dû réduire sa production et que l’offre mondiale n’augmentera pas.

Le prix du fer est actuellement à son plus haut niveau depuis près de cinq ans. Il avait atteint un sommet en 2011 et dégringolé à son plus bas à la fin de 2015.

La décision d’aller de l’avant ou non avec le projet d’expansion sera prise cet été, selon les résultats de l’étude de faisabilité, a indiqué M. Cataford. Compte tenu des travaux déjà réalisés, l’investissement requis serait limité « à entre 450 et 500 millions », a-t-il fait savoir.

Depuis la reprise des activités l’an dernier, 480 personnes sont au travail à la mine. Leur nombre augmenterait de 375 avec l’expansion projetée.