Joe Poulin a fondé sa firme de location de villas de luxe sur Internet à 17 ans, lorsqu'il était encore sur les bancs d'école. Quatorze ans plus tard, le jeune entrepreneur qui domine le marché mondial dans son secteur d'activité - avec un parc de 2000 résidences de luxe localisées dans 50 régions exotiques - a décidé de donner un grand coup. Au cours des douze prochains mois, il entend doubler le nombre de régions qu'il propose à sa riche clientèle et ajouter 1 000 propriétés de luxe à son portefeuille déjà bien doté.

À 31 ans, Joe Poulin dirige son entreprise Luxury Retreats comme s'il était un vétéran. Malgré son air juvénile, il affiche une belle assurance lorsqu'il analyse les enjeux de son secteur qu'il connait à fond.

Dans les faits, Joe Poulin est un peu un vétéran quand on tient en compte qu'il a fondé sa première entreprise à 11 ans, lorsqu'il recyclait des disquettes usagées que son père lui ramenait du travail pour en faire des disquettes neuves.

À 13 ans, il assemble des ordinateurs qu'il revend et à 17 ans, il achète une petite firme qui gérait des sites internet d'agences de voyages lorsqu'un client de la Barbade lui demande de lui créer un site pour louer sa luxueuse villa.

Joe Poulin n'avait jamais voyagé, mais il saute dans un avion passe une semaine à la Barbade où il déniche d'autres somptueuses villas qu'il pourrait louer via Internet. Luxury Retreats venait d'être créée.

Cette année, Joe Poulin a réalisé pas moins de 140 départs en avion aux quatre coins du monde pour dénicher des nouvelles propriétés, rencontrer des clients ou réaliser des acquisitions. La dernière étant une société de management de St-Martin qui gère 65 résidences de luxe qui font partie du portefeuille de Luxury Retreats.

De nouveaux partenaires

L'entreprise installée dans une ancienne usine de Verdun compte aujourd'hui 150 employés dont une trentaine oeuvrent dans ses bureaux à Hawaï, Buenos Aires et St-Martin.

«On vise cette année un chiffre d'affaires de 100 millions. Mais notre objectif est d'atteindre rapidement les 500 millions. On est le leader mondial et il n'existe aucune entreprise comparable à la nôtre dans le monde», explique Joe Poulin entre deux vols.

Le jeune entrepreneur vient tout juste d'ouvrir Luxury Retrats à un nouveau partenaire stratégique, le fonds de technologie montréalais iNovia Capital qui a investi il y a deux mois 5 millions dans l'entreprise.

Joe Poulin l'avoue bien humblement, il n'avait pas besoin de cet argent. Luxury Retreats est très profitable et génère les liquidités nécessaires pour assurer son développement.

«Mais il était temps qu'on s'adjoigne un partenaire pour nous donner plus de visibilité dans le monde financier, plus de crédibilité. Des entreprises américaines du secteur de l'immobilier sur le net viennent d'avoir des valorisations incroyables, on veut que le marché nous reconnaisse aussi», souligne Joe Poulin.

La firme Home Away, fondée en 2005 et qui fait de la location de résidences ou d'appartement sur Internet a levé récemment 500 millions à la Bourse et l'entreprise a une capitalisation de 2 milliards. Elle n'est pourtant toujours pas profitable. RBB, qui fait aussi de la location sur le Net a obtenu un financement privé de 100 millions l'an dernier et on estime sa valeur à 1,2 milliard aujourd'hui.

«Pourtant RBB ne fait de profit et est dans un marché qui n'a rien à voir avec le nôtre. La valeur moyenne de ses transactions est de 120 $ alors que le prix moyen de nos locations est de 13 000 $», met en relief Joe Poulin.

Du personnel de haut niveau

Avant d'accepter la proposition de iNovia Capital, l'entrepreneur du web a fait ses devoirs et a rencontré 12 firmes d'investissement à New York, Boston, San Francisco et Montréal. iNovia avait la proposition qui remplissait le mieux les attentes du jeune homme d'affaires.

«Ce ne sont pas des investisseurs passifs. Les autres nous proposaient quatre fois plus d'argent, mais rien d'autre. Chris Arsenault de chez iNovia s'en vient sur notre conseil d'administration et il veut que ça bouge», explique, enthousiaste, Joe Poulin.

La présence de ce nouveau partenaire va aussi permettre à Luxury Retreats de recruter du personnel de haut niveau à des postes-clés tels que le marketing et le développement technologique, évalue son président.

«On va aussi mettre en branle notre offensive qui vise à élargir notre marché. On va offrir à nos clients des appartements luxueux dans les grandes villes du monde, New York, Londres, Paris, Rome, Singapour, Shangaï. Ce qu'on ne faisait pas avant.

La clientèle de Luxury Retreats est composée à 80% de voyageurs nord-américains (68% américains, 12 % canadiens dont 1% de Québécois), le 20% restant viennent d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Sud.

Pour se faire connaître, Luxury Retreats dépense des millions de dollars en publicités sur Internet, principalement via les moteurs de recherche où son nom apparaît systématiquement en tête de liste lorsqu'on recherche des villas luxueuses.

Outre le marketing et le développement technologique, les employés de Luxury Retreats de Montréal s'affairent principalement à exécuter les réservations et à combler les demandes de sa clientèle fortunée.

«On offre un service de conciergerie complet. Lorsque le client arrive dans sa villa, l'épicerie a été faite, selon ses demandes. On peut lui réserver un chef japonais pour le lundi et chef italien pour le mardi. S'il veut un hélicoptère avec pilote, on le trouve. On a un taux de satisfaction incroyable», relève-t-il fièrement. On le serait à moins.