Le financier controversé Paul M. Gélinas a de soi-disant problèmes cardiaques, en Europe. Et contre toute attente, ces problèmes de santé viennent de faire tomber l'une des contestations centrales de la Fondation fer de lance (FFDL) contre l'Autorité des marchés financiers (AMF).

La Fondation est cette organisation que l'AMF poursuit pour collecte illégale de fonds. L'AMF réclame la prison pour Paul Gélinas et l'avocat Jean-Pierre Desmarais, en plus d'une amende de 1 million de dollars chacun. En 2009, l'AMF a bloqué des fonds totalisant 5,6 millions appartenant aux investisseurs.

La Fondation et ses dirigeants contestaient le blocage. Or, voilà, ils se sont désistés de leur requête, mardi, parce que le patron, Paul Gélinas, se dit incapable de se rendre aux audiences à Montréal en raison de problèmes cardiaques. Il serait actuellement à Londres, au Royaume-Uni.

Le tribunal avait accepté, le 7 juin, de lui accorder un sursis à la condition que son avocat dépose un certificat d'un cardiologue attestant de ses problèmes. Or, le certificat n'a pas été déposé devant le tribunal (appelé le Bureau de décision et révision), qui a donc pris acte du désistement.

14,5 millions recueillis

La contestation du blocage de l'AMF voguait de procédure en procédure depuis trois ans. Selon l'AMF, la Fondation a recueilli 14,5 millions entre 2007 et 2009 en promettant des rendements de 20 à 300% aux investisseurs, dont les fonds étaient prétendument entièrement garantis. Les fonds ont été amassés auprès de 54 investisseurs sans permis ni prospectus. L'entreprise disait avoir des projets en Côte d'Ivoire et en Papouasie indonésienne.

Environ la moitié des 14,5 millions ont été remboursés, mais la Fondation doit toujours 7,7 millions aux 34 investisseurs restants. L'AMF n'a trouvé que 5,8 millions dans les comptes qu'elle a bloqués.

La mission de la Fondation est «d'utiliser tous les moyens disponibles pour améliorer la qualité de vie du genre humain». Ses investissements sont notamment faits par l'entremise des îles Turks et Caicos, un paradis fiscal.

Parmi les investisseurs se trouvent des gens d'affaires connus. Denise Verreault et son conjoint Richard Beaupré, des Chantiers maritimes Verreault, sont du nombre. Le couple fait partie d'un groupe de quatre investisseurs qui détiennent à eux seuls 3,7 millions, soit environ les deux tiers des fonds restants.

Depuis trois ans, les investisseurs ne cherchent qu'une chose: récupérer les sommes qu'ils ont placées. L'enquête de l'AMF a toutefois permis de découvrir qu'un autre groupe d'investisseurs de la Beauce ont confié 9 millions à une autre entreprise de M. Gélinas, baptisée PIF. Ils chercheraient aussi à se faire rembourser. Dans les deux cas (PIF et FFDL), les fonds, soi-disant garantis, étaient investis dans des ingénieries financières complexes.

Au moment de mettre sous presse, l'avocat de la Fondation, Daniel Ovadia, n'avait pas rappelé.