Les principaux partis grecs se sont finalement mis d'accord jeudi, à quelques heures d'une réunion cruciale des ministres des Finances de la zone euro, sur la totalité du plan de rigueur exigé par les bailleurs de fonds de la Grèce, qui sera en grève générale vendredi et samedi.

Un «accord général» sur le paquet de mesures de rigueur réclamées par Union européenne (UE), la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) pour sauver le pays de la faillite, a été «conclu» au sein du gouvernement grec de coalition, a indiqué jeudi un communiqué du premier ministre.

Information également relayée de Francfort par le président de la BCE Mario Draghi, qui a confirmé qu'un accord avait été conclu.

Selon l'agence de presse Ana (semi-officielle), le ministre grec des Finances Evangélos Vénizélos, qui se trouve à Bruxelles pour participer dans la soirée à une réunion de l'Eurogroupe consacrée au cas grec, a été mandaté pour présenter cet accord à ses homologues.

Selon l'Ana, les trois chefs de partis sont parvenus à une position commune à l'issue de nouvelles discussions sur la question, restée en suspens, des coupes prévues dans les retraites complémentaires.

Le socialiste Georges Papandréou, le conservateur Antonis Samaras et le leader d'extrême-droite Georges Karatzaferis s'étaient quittés sans accord sur la totalité du plan au cours de la nuit après huit heures de réunion chez le premier ministre.

Or, les créanciers exigent un engagement explicite des partis à mettre en oeuvre les mesures avant de débloquer un deuxième prêt de 130 milliards d'euros après celui de 110 milliards accordé en mai.

Sinon, la Grèce s'expose à un défaut de paiement incontrôlé le 20 mars, à l'expiration de 14,5 milliards d'obligations.

Selon des fuites parues dans la presse, le train de mesures prévoit une baisse de 22% du salaire minimum (ainsi ramené autour de 586 euros bruts sur 14 mois). D'autres sources font état d'une réduction de 22% du salaire de base de chaque branche professionnelle, de coupes dans les retraites complémentaires et de 15.000 suppressions d'emplois dans l'année dans le secteur public.

Ce nouveau tour de vis dans un pays qui entame sa cinquième année de récession sera «le tombeau de la société grecque», estiment les syndicats grecs qui ont d'ores et déjà appelé à quarante-huit heures de grève générale vendredi et samedi, trois jours après une précédente mobilisation, mardi, qui a vu défiler plus de 20.000 personnes.

Le syndicat communiste Pame a appelé à des manifestations dans la capitale dès jeudi soir.

Dans le même temps, l'Autorité des statistiques grecques (ASE) a annoncé que le cap du million de chômeurs, pour onze millions d'habitants, avait été dépassé en novembre, portant le chômage au niveau record de 20,9%, jamais atteint depuis l'entrée du pays dans la zone euro en 2000.

Près d'un jeune sur deux de 15 à 24 ans est sans emploi (48%), partageant avec les femmes, frappées à 24,5%, le statut de principales victimes du chômage.

La presse grecque s'est déchaînée jeudi sur la «potion amère» imposée au pays, jusqu'au quotidien financier Naftemboriki qui a évoqué un «violent ajustement des règles sur l'autel de la zone euro».

Dans une rue, Christos, fonctionnaire, souligne que «ces mesures d'austérité sont une grande erreur car le peuple grec est en train de crever». Eleonara, vendeuse, relève que son salaire a été amputé de 480 euros entre janvier et décembre 2010.

En dépit du coût social, l'assentiment des chefs de parti à cette nouvelle cure d'austérité était attendu fiévreusement par les partenaires de la Grèce qui craignent qu'un défaut de paiement incontrôlé ait des répercussions sur l'ensemble du système financier mondial, à commencer par un délitement de la zone euro.

Jeudi matin, le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle avait accru la pression sur la Grèce, en l'enjoignant à trouver au plus vite un accord sur un plan de rigueur.

«Le temps presse pour trouver des solutions et l'avenir de la Grèce dans la zone euro et en Europe dépend de la Grèce elle-même», a-t-il dit.

Le programme de réformes est censé être déposé dès vendredi au Parlement, où la coalition gouvernementale peut théoriquement compter sur 255 voix (sur 300), en vue d'un vote d'urgence prévu pour dimanche, selon l'agence Ana.

Le prix politique s'annonce très élevé pour des partis qui se préparent à des législatives anticipées en mars ou avril. Et l'annonce d'un accord aussi socialement dur à avaler secoue l'appareil de chacun des deux grands partis grecs.

Ainsi, plusieurs députés du Pasok, majoritaire au Parlement, ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils ne voteraient pas le texte. Au sein de la Nouvelle Démocratie (droite), le responsable du secteur syndical a présenté sa démission jeudi en réaction à l'accord.

Le temps presse pour la Grèce qui a promis d'aborder la semaine prochaine l'autre volet de cette négociation internationale à plusieurs niveaux: l'opération d'effacement par les créanciers privés de 100 milliards de dettes grecques, quasi finalisée fin janvier à l'issue de tractations entre Athènes et les créanciers privés de la Grèce, représentés par l'Institut de la finance internationale (IFF).