Votre espérance de vie est de 83 ans si vous êtes un homme âgé de 20 à 40 ans, et de 88 ans si vous êtes une femme dans la même tranche d'âge.

Mais à 40 ans, vous avez 25% de chance - ou de risque... c'est selon - de parvenir à 90 ans. Une femme du même âge a une chance sur quatre de fêter son 94e anniversaire.

Et vous voulez prendre votre retraite à 60 ans? Vos 35 ans de vie professionnelle pourraient devoir financer presque autant d'années de retraite. Attelez-vous à l'épargne!

Bien sûr, vous pouvez compter sur les régimes publics, soient le Régime des rentes du Québec (RRQ) et la Pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV).

«Dans la mesure où je gagne 20 000$ par année, les chances sont bonnes pour que la rente de la RRQ et la PSV suffisent à m'assurer une retraite correcte», indique Martin Dupras, président du conseil d'administration de l'Institut québécois de planification financière (IQPF).

En effet, les régimes publics (RRQ, PSV et Supplément de revenu garanti) remplacent 69% d'un salaire de 25 000$ pour une retraite à 65 ans, dans le cas d'un célibataire. Mais avec un salaire de 50 000$, le taux de remplacement s'abaisse à 40%.

Et ça diminue comme peau de chagrin avec une retraite à 60 ans.

«Quelqu'un qui avait un revenu de carrière de 50 000$ et qui décide de prendre sa retraite à 60 ans ne recevrait entre 60 et 65 ans que 16% de son revenu d'avant la retraite, s'il obtient la rente maximale de la RRQ, prévient Denis L'Hostie, directeur principal, planification financière, à la Banque Laurentienne. Une fois parvenu à 65 ans, avec la Pension de la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti qui s'y ajouterait s'il ne s'agissait que de ses seuls revenus, il irait chercher à peine 33% de son revenu moyen.»

Dans ces conditions, la retraite est synonyme de simplicité involontaire.

Régime de retraite

Vous avez un régime de retraite avec votre employeur? Chanceux! «Il y a une bonne partie de la population qui n'a aucun régime offert par l'employeur, qui travaille en PME, et on compte de plus en plus de travailleurs indépendants ou à la pige, explique Jocelyne Houle-LeSarge, présidente-directrice générale de l'IQPF. Ces gens n'ont pas d'autre choix que d'épargner pour la retraite.»

Des chiffres? En 1991, 49,1% des travailleurs québécois participaient à un régime complémentaire de retraite. Ce taux avait diminué à 42,7% en 2009.

De plus en plus de régimes complémentaires à prestations déterminées, plus avantageux, car procurant une rente viagère, se transforment en régime à cotisations déterminées. En 1991, 95% des participants à un régime complémentaire bénéficiaient d'un régime à prestations déterminées. Cette proportion a baissé à 88% en 2009.

Bien sûr, il est plus facile de dégager de l'épargne avec un bon revenu. Mais la procrastination à l'épargne transcende les salaires et les professions.

«J'ai vu à la fois des gens qui gagnaient 33 000$, 140 000$ ou 300 000$ se retrouver devant le même dilemme, relate Martin Dupras: à 53 ans, ils n'avaient pas suffisamment d'épargne, voire pas du tout.»

À quoi sert-il d'épargner péniblement si c'est pour voir des années de sacrifices s'évaporer en quelques jours de débâcle boursière, demandez-vous?

Les marchés boursiers rebondissent toujours, tôt ou tard. Si cela peut vous aider à épargner sur vos deux oreilles, investissez prudemment, malgré les rendements pour l'instant pitoyables.

Cotisez à votre REER. Si vos droits de cotisation ne sont pas tous utilisés, réinvestissez dans votre REER les crédits d'impôt que vous procurent vos cotisations.

Épargnez, épargnez, il en restera toujours quelque chose.

Photo: Armand Trottier, Archives La Presse

Jocelyne Houle-LeSarge, présidente-directrice générale de l'Institut québécois de planification financière.