Le compromis sur le plafond de la dette, scellé in extremis dimanche soir entre la Maison Blanche et les chefs parlementaires, manquait encore de soutien lundi au Congrès où des élus sceptiques laissaient planer le doute sur son adoption.

Après le regain d'optimisme sur les marchés boursiers né de l'annonce du compromis, l'enthousiasme est retombé.

Les deux partis, de chaque côté du Capitole, doivent se réunir lundi pour discuter de l'adoption du texte si possible avant mardi minuit. Le vice-président américain Joe Biden devait assister à la réunion des démocrates du Sénat en fin de matinée.

Les discussions risquent d'être tendues car le compromis trouvé fait des mécontents dans les deux camps.

Après avoir longtemps insisté pour inclure dans le plan de nouvelles recettes fiscales notamment en taxant les Américains les plus riches, le président Barack Obama a finalement dû céder face à la résistance des républicains.

L'accord conclu dimanche ne prévoit donc aucune hausse d'impôts sous aucune forme, ce qui risque de mal passer sur la gauche du parti démocrate.

«Cet accord est un sandwich de satan saupoudré de sucre. Si vous soulevez le pain, vous n'allez pas aimer ce que vous voyez», a lancé sur son compte Twitter lundi le représentant Emanuel Cleaver, président du groupe des élus noirs de la Chambre.

Raul Grijalva, président du groupe des élus démocrates «progressistes» de la Chambre, a indiqué dès dimanche qu'il allait «se battre contre l'adoption» de l'accord.

La chef des démocrates de la chambre basse, Nancy Pelosi, s'est montrée réservée dimanche, assurant simplement qu'elle verrait «comment nous pouvons (...) aider» à l'adoption du plan.

À droite, le texte hérisse les élus proches de la mouvance ultraconservatrice du «tea party», qui réclame des coupes drastiques dans les dépenses de l'État fédéral et s'opposent même pour certains à tout relèvement du plafond de la dette.

Michelle Bachmann, représentante qui s'est lancée dans la course aux primaires républicaines sous les couleurs du «tea party», a dénoncé le compromis comme «dépensant trop et ne coupant pas assez. Quelqu'un doit dire non. Je le ferai».

Selon une source au Congrès, la Chambre pourrait se prononcer dès lundi sur le texte.

Côté Sénat, le texte semble en meilleure posture pour une adoption, alors que le chefs de la chambre haute ont préparé les procédures pour un vote également dès lundi.

Selon un responsable américain qui a requis l'anonymat, l'accord prévoit un relèvement du plafond de la dette d'au moins 2100 milliards de dollars, pour permettre au Trésor de faire des emprunts après le 2 août. Le tout pour tenir jusqu'en 2013, soit après la prochaine présidentielle à laquelle M. Obama est candidat.

Cette mesure sera accompagnée d'une première réduction des dépenses de 1000 milliards. Une commission spéciale bipartite du Congrès sera ensuite chargée de trouver -vant Thanksgiving, fin novembre- des baisses de dépenses supplémentaires à hauteur de 1500 milliards.

Dans le cas où aucun accord n'interviendrait sur des réductions supplémentaires, un mécanisme contraignant se mettrait en place, imposant automatiquement un certain nombre de réductions budgétaires.

Un responsable de la Maison blanche a néanmoins indiqué que la Sécurité sociale et Medicare, le programme de santé pour les plus âgés, ne seraient pas touchés par ces coupes automatiques.

C'est sur ce point notamment que les négociations avaient stagné ces derniers jours.

Les républicains ont obtenu d'importantes baisses des dépenses sans céder sur une hausse des impôts des ménages les plus riches ou la suppression de niches fiscales, comme celle qui profite aux propriétaires d'avions d'affaires, et qui a été dénoncée à de nombreuses reprises par le président lui-même.

M. Obama a assuré que l'accord va ramener les dépenses fédérales à leur plus bas niveau depuis 60 ans, mais il s'est engagé à ce que cela ne se fasse pas de manière «abrupte», alors que la croissance américaine reste anémiée (1,3%) et le taux de chômage élevé (9,2%).