La pression des marchés est retombée dans la zone euro, à la suite des promesses faites par les Européens pour mieux faire face aux crises budgétaires, mais l'accalmie pourrait ne pas durer face aux problèmes de fond qui persistent en matière bancaire et d'endettement.

La crise de l'euro est «en passe d'être réglée», s'est félicité le financier américain George Soros, soulignant que «la détermination existe maintenant de mettre en oeuvre le chaînon manquant, qui est une politique budgétaire commune ou une administration du Trésor commune».

Après une année 2010 cauchemardesque qui a failli emporter la monnaie unique au printemps, les Européens profitent d'un répit depuis le début de l'année, alors que pire était redouté par les marchés.

Plusieurs émissions obligataires réussies, au Portugal ou en Espagne notamment, ont contribué au retour au calme, de même que des indicateurs économiques qui repassent au vert en Allemagne en particulier.

Les Européens se sont aussi retroussé les manches: après la création dans l'urgence en mai 2010 d'un Fonds de soutien financier à la zone euro, ils travaillent depuis plusieurs semaines à en solidifier les fondations et à mieux discipliner leurs politiques nationales.

Les mesures seront précisées le mois prochain lors d'un sommet exceptionnel de la zone euro, puis finalisées lors d'une réunion des dirigeants de l'ensemble de l'UE les 24 et 25 mars.

Le Fonds de soutien de la zone euro devrait se voir doter de nouvelles capacités effectives de prêt et de nouveaux outils.

Au-delà, les Européens travaillent à un renforcement de leur discipline budgétaire, à la coordination des politiques et la compétitivité dans la zone euro, pour faire évoluer l'Union monétaire vers un véritable gouvernement économique. L'Allemagne et la France ont proposé un «pacte» en ce sens.

Il reste controversé car vécu comme un «diktat» germanique par plusieurs capitales. Mais ces chantiers en cours entretiennent l'espoir des marchés.

«Tout le monde attend le sommet de début mars», souligne l'économiste André Sapir, du centre d'études européennes Bruegel. Cependant, «on verra bien si ce qui sera mis sur la table sera de nature à satisfaire les attentes», ajoute-t-il.

Car le doute subsiste. La crise est «loin d'être résolue», soulignent les économistes de la banque Morgan Stanley, qui voient dans les mesures discutées par les Européens «un pas dans la bonne direction», mais «pas un remède miracle».

Les économistes de Bruegel, eux, estiment qu'une solution «globale» ne pourra être efficace qu'à condition d'aborder plusieurs problèmes de fond, dont la situation de la dette grecque et celle des banques européennes, aux bilans toujours fragiles.

Concernant la Grèce, l'idée d'une nécessaire réduction de la dette du pays fait peu à peu son chemin.

«Il y a peu de chances que la Grèce soit solvable, donc on dit qu'il va falloir d'une manière ou d'une autre réduire la dette grecque», souligne André Sapir.

Concernant les banques, de nouveaux tests de résistance des établissements européens doivent être menés d'ici l'été.

Leur méthodologie est actuellement en train d'être finalisée. Mais, mettent en garde certains économistes, ils doivent être crédibles et suivis d'un assainissement et d'une recapitalisation quand cela s'avère nécessaire. Ceux menés l'an dernier avaient été décrédibilisés car ils avaient été suivis par la crise bancaire irlandaise.

«Des réponses doivent être apportées aux problèmes du secteur bancaire espagnol», souligne notamment Silvio Peruzzo, économiste chez Royal Bank of Scotland.

Pour lui, «aucun des problèmes fondamentaux dans la zone euro n'a été résolu», et «le moment est venu d'anticiper plutôt que de réagir».