Le plus grand bureau de psychologues industriels en Amérique du Nord n'est pas à New York, à Los Angeles ou à Toronto. Il est à Longueuil.

« Avec 70 psychologues du travail réunis sous le même toit, on est le plus gros du continent «, lance Pierre Gauthier, le président de la Société Pierre Boucher.

Et ce n'est pas fini. Car la firme, qui a reçu des offres d'achat de plusieurs entreprises américaines, n'est pas à vendre.

Au contraire, elle poursuit une stratégie de croissance pour grandir, non seulement de façon organique, mais aussi par des partenariats et des acquisitions.

Aujourd'hui, la Société Pierre Boucher réalise des revenus de plus de 10 millions de dollars. C'est tout un exploit quand on sait que ses concurrents ont des chiffres d'affaires de 1 à 2 millions.

Grâce, notamment, à l'ouverture de ses bureaux à Toronto et Calgary, il y a deux ans, la firme québécoise a connu une croissance de 32 % l'an dernier !

« Cette année, on vise 8 %, estime M. Gauthier. Et ce, malgré la situation économique difficile qui touche les entreprises «.

La société profite aussi d'une entente de distribution exclusive, au Canada et aux États-Unis, pour une série de cours du professeur Henry Mintzberg, bien connu dans son domaine.

« Coaching Ourselves « est une nouvelle approche pour exploiter le potentiel des dirigeants cadres. Elle réunit huit cadres, deux fois par mois, pour partager leurs 100 ans d'expérience.

« C'est une approche peu coûteuse, car elle n'exige aucun consultant externe et aucune personne des ressources humaines «, dit M. Gauthier.

M. Mintzberg a bâti 50 thèmes sur la gestion : prise de décision, planification stratégique, etc.

La Société Pierre Boucher est bien installée au Canada. D'ici trois ans, elle souhaite ouvrir des bureaux aux deux bouts du pays : à Halifax et à Vancouver.

Mais, entre-temps, elle continue de se développer à l'ouest de l'Outaouais. Le bureau de Calgary est en expansion alors que celui de Toronto contribue à 47 % de la croissance.

« En plus, on s'est rendu compte que nos revenus au Québec ont été stimulés par notre présence en Ontario, précise le président. Les sièges sociaux de Toronto utilisent nos services et font moins affaires avec les autres consultants au Québec. «

À court terme, le président et son équipe regardent les marchés étrangers.

Dans un premier temps, ils veulent consolider leur position en Europe. « Certains de nos clients font des affaires un peu partout dans le monde et ils veulent qu'on les desserve, dit Pierre Gauthier. Pour le faire, ça prend quelqu'un de local. «

Pour le moment, la Société Pierre Boucher a déjà des partenariats avec des firmes de Paris, Londres et Hong Kong. Elle a aussi une consultante au Mexique. Pour assurer la qualité des services, elle fait du transfert technologique auprès de ses partenaires. Quand leur travail est certifié, elle fait une entente commerciale de distribution avec la firme sélectionnée.

International

La Société Pierre Boucher a déjà réalisé des coentreprises et des partenariats avec des firmes européennes et asiatiques. En France, elle pourrait franchir une autre étape. La société est en discussions pour acquérir une firme parisienne, avec qui elle travaille déjà.

« On prendrait une position majoritaire, dit le président. Mais il faut faire attention à la croissance par acquisitions. Les services de psychologie reposent sur les gens et sur le capital humain. S'il n'y a pas de compatibilité des valeurs, ça ne donne rien. «

Pierre Gauthier se rendra aussi à Hong Kong, le mois prochain, pour discuter avec les dirigeants d'une demi-douzaine de bureaux qui se ressemblent aux plans de l'expertise et des valeurs.

« L'ouverture est très grande, dit-il. On cherche à faire des coentreprises sous forme 50/50 ou à prendre des positions minoritaires. «

Il constate que les marchés asiatiques sont en train de se professionnaliser en matière de psychologie du travail. « Ils ont soif de nouvelles technologies en ressources humaines pour les aider : tests psychométriques, stratégies de sélection, stratégies de mobilisation, etc. «, ajoute-t-il.

Dans son domaine, la Société Pierre Boucher aide les entreprises à relever de nombreux défis. Un de ceux-là est celui de la transition et de la relève.

La firme conçoit des activités d'apprentissage sur mesure pour des individus afin d'accroître leur développement. Elle réduit le pourcentage de roulement parmi les cadres à haut potentiel en dépistant les talents (tests psychométriques, questionnaires d'intérêt, etc.), elle développe la relève et elle assure la fidélisation grâce à des stratégies de mobilisation et d'engagement.

Un autre défi est celui de la mobilisation des employés avec la nouvelle génération de main-d'oeuvre pour qui le salaire arrive au septième rang des préoccupations.

« Pour réussir avec les jeunes, il faut notamment décentraliser la prise de décision, donner une qualité d'attention aux employés, des plans de développement individualisés, la reconnaissance et le feed-back, explique Pierre Gauthier. Ça exige des changements profonds dans la gouvernance et dans le style de leadership de l'équipe de direction. «

La Société Pierre Boucher implante la gestion des talents. « Avant, on évaluait les faiblesses du monde, dit le président. Aujourd'hui, on évalue les talents et les vertus. C'est une approche totalement différente. «

 

L'ENTREPRISE

La Société Pierre Boucher, fondée il y a 30 ans, est spécialisée dans l'optimisation du capital humain en situation de travail. Elle regroupe 100 employés, dont 70 psychologues industriels et organisationnels. Elle affiche des revenus de plus de 10 millions. Elle a des bureaux à Longueuil, Laval, Québec, Toronto, Calgary et des partenaires en France, en Angleterre, en Suisse, en Allemagne et à Hong Kong.

DÉFI

Continuer à grandir dans ce secteur spécialisé.

STRATÉGIES

Ouvrir des bureaux à l'extérieur du Québec, créer des partenariats à l'étranger, offrir des services basés sur l'innovation, la performance et les résultats.