Le mot diversité est sur toutes les lèvres dans les entreprises par les temps qui courent. C'est le branle-bas de combat dans les départements de ressources humaines.

De plus en plus, on veut des employés à l'image de la société dans laquelle on vit: plurielle, composée d'êtres humains de tous les horizons. On recrute du personnel de toutes origines ethniques, religions, âges, sexes et orientations sexuelles.

Dans un contexte où la chasse aux employés prend des allures de véritable guerre des talents, les employeurs ne peuvent plus se permettre de négliger le potentiel présent au sein de ces différentes communautés. Non pour paraître politiquement correct, mais parce que la diversité en entreprise est une réponse à la pénurie de main-d'oeuvre. Elle représente désormais un enjeu stratégique majeur.

Dans toutes les sphères de la société, on retrouve des gens qualifiés et prêts à travailler. Ignorer cette réalité, c'est se priver d'un bassin important de talent et d'expérience.

Alors qu'il n'y a pas si longtemps on parlait encore de discrimination positive, de «donner une chance» aux candidats issus de minorités, le vent est en train de tourner.

C'est au tour de l'entreprise de courtiser le candidat à l'embauche pour le convaincre qu'elle est l'employeur de ses rêves.

L'inclusion

Pour attirer tout ce monde, il faut montrer que l'on favorise l'inclusion, et que tous se sentent les bienvenus.

Il ne suffit pas d'embaucher des employés issus de différents groupes. Encore faut-il qu'ils se sentent pleinement acceptés avec leurs différences et aient le goût de demeurer dans l'entreprise, explique Lynn Lapierre, codirectrice aux ressources humaines chez Ernst&Young.

«S'ils n'arrivent pas à travailler avec les autres et ne se sentent pas acceptés, ils ne peuvent pas être vraiment eux-mêmes au travail, dit-elle. L'organisation n'aura pas atteint ses objectifs, parce que la personne n'aura pas réussi à mettre ses talents à contribution.»

Mais il ne s'agit pas uniquement d'une question de recrutement et de rétention.

Les équipes composées de personnes différentes sont plus créatives et plus performantes. Elles favorisent la compétitivité de l'entreprise et permettent de mieux comprendre les différents marchés.

«Quand on a des gens qui viennent d'horizons différents, ils approchent les problèmes de façon différente, dit Louise Rainville, coprésidente du Conseil canadien pour la diversité chez Samson, Bélair, Deloitte&Touche. Cela nous aide à innover et à résoudre des problèmes. En plus, un milieu de travail qui reflète mieux la diversité de notre clientèle nous permet de mieux la comprendre et de mieux la servir.»

Les entreprises qui ont compris ces enjeux forment depuis quelques années des départements spéciaux pour gérer la diversité, car celle-ci entraîne son lot de petites frictions et d'incompréhensions, tantôt culturelles, tantôt générationnelles. Ou même les deux.

«À l'ère de la diversité, des gens présentement à la retraite reviendront sur le marché du travail, et vont avoir comme patrons des jeunes de 30 ans, qui ne seront peut-être même pas de leur culture, dit le conférencier Alain Samson. Tout le monde devra s'adapter.»

L'heure est donc à la sensibilisation, aux comités d'employés venant de minorités, aux semaines thématiques et aux accommodements. Car qui dit employés différents dit mentalités, cultures et besoins différents.

Il faudra aussi assouplir l'organisation du travail et la gestion des avantages sociaux pour répondre aux différents besoins des employés.

On se dirige vers une gestion des ressources humaines à la carte, selon M. Samson, qui est aussi l'auteur du livre Mon équipe est multicolore mais je suis daltonien.

En milieu de travail, l'ère des programmes universels est révolue en même temps que celle de l'homme blanc hétérosexuel majoritaire.

«Il faut se débarrasser du mythe égalitaire, dit Alain Samson. Auparavant, l'organisation du travail était simplifiée par l'uniformité. Tout le monde avait les mêmes besoins, alors on pensait que ce serait mieux si on traitait tout le monde de la même façon. Mais ce n'est plus le cas.»