L'an dernier, deux acteurs importants, l'Université McGill et HEC Montréal, ont uni leurs forces pour démarrer le programme conjoint d'Executive MBA (EMBA).

Ce nouveau programme privé pour cadres expérimentés vient s'ajouter à celui de Concordia, où le EMBA existe depuis près d'un quart de siècle.

Pourtant, avec un coût de 52 000$ à Concordia et de 65 000$ à McGill-HEC Montréal, on pourrait penser que les étudiants ne se bousculent pas au portillon. Or, il semble que ces programmes fonctionnent bien puisqu'ils visent une clientèle très ciblée.

«Nous sommes seulement 340 universités dans le monde à offrir ce type de EMBA privé. C'est donc un marché international plutôt que local et on s'adresse à des gens très expérimentés», note Anne-Marie Croteau, directrice du EMBA à l'Université Concordia.

Le programme attire d'ailleurs des gens d'une moyenne d'âge de 37 ans qui ont près de 15 ans d'expérience de travail.

McGill et HEC Montréal souhaitaient aussi attirer des candidats grandement expérimentés en lançant leur programme l'an dernier. «Nous avons fait une sélection très serrée et nous avons finalement choisi 34 participants dont la moyenne d'âge est de 42 ans et qui ont en moyenne une expérience de travail de 18 ans, dont 12 en gestion», indique Alain Pinsonneault, professeur à McGill et codirecteur du EMBA.

Les deux programmes à temps partiel offrent sensiblement le même genre de formule, soit deux jours de cours par mois en semaine et deux jours pendant la fin de semaine. Cela permet aux étudiants d'appliquer rapidement à leur milieu de travail les concepts appris en classe.

«Notre programme laisse d'ailleurs beaucoup de place au partage entre les étudiants parce que nous souhaitons tirer profit de toutes les années d'expérience de ceux qui se retrouvent dans la classe», indique M. Pinsonneault.

«Les professeurs sont très axés sur la pratique, souligne pour sa part Mme Croteau. Nous faisons beaucoup d'études de cas mais, aussi, nous prenons des exemples vécus par les gens de la classe.»

Voyage inclus

Ces deux programmes sont coûteux, certes, mais ils ont l'avantage d'inclure une expérience à l'étranger. À Concordia, quatre destinations sont offertes aux étudiants.

«Chaque destination est parrainée par un professeur qui connaît bien l'endroit et qui est en mesure d'expliquer les avantages et les inconvénients d'aller faire des affaires dans ce pays», explique Mme Croteau. Une fois bien informés, les étudiants votent pour choisir la destination où ils se rendront pendant une dizaine de jours. Cette année, ils ont choisi la Chine et ils y visiteront des ambassades, des entreprises et des gens d'affaires.

«Nous voulons vraiment que nos étudiants établissent des contacts dans le pays visité pour être en mesure d'y faire des affaires», précise la directrice du programme.

Le EMBA McGill-HEC Montréal offre aussi un séjour d'une dizaine de jours à l'étranger. Cette année, comme première destination, les étudiants se rendront en Argentine.

«Nous y étudierons la gestion en période de crise. Ce thème a été choisi parce que l'Argentine a connu des épisodes de crise majeurs dans les années 90 et récemment. Nous voulons donc voir comment les gestionnaires sont arrivés à traverser toutes ces perturbations», explique M. Pinsonneault.

Le EMBA McGill-HEC Montréal a adopté l'approche intégrée d'enseignement particulière aux programmes de MBA de McGill plutôt que l'enseignement traditionnel par silo.

Toutefois, le programme est vraiment conjoint: chaque module a un directeur qui provient de McGill ou de HEC et les cours se donnent dans les deux établissements.

Le diplôme portera le sceau respectif de HEC Montréal et de l'Université McGill.

 UN EMBA SUBVENTIONNÉ À L'UQAM

Alors que le programme de EMBA conjoint de McGill - HEC Montréal et celui de Concordia coûtent plusieurs dizaines de milliers de dollars, le EMBA de l'UQAM a des frais de scolarité de seulement 3900$. Une option particulièrement alléchante pour le gestionnaire qui doit payer de sa poche les frais liés à sa formation.

«Nous obtenons des subventions du gouvernement pour offrir nos programmes de EMBA contrairement aux autres universités», explique Robert Desmarteau, directeur de plusieurs EMBA offerts par l'ESG-UQAM.

Parce qu'en plus du EMBA général, l'université offre des EMBA sectoriels en technologie, services et finances. En collaboration avec l'Institut des banquiers canadiens, l'ESG-UQAM offre également le EMBA Services financiers.

Pour suivre l'un de ces programmes, le candidat doit avoir quatre ans d'expérience en tant que cadre et être toujours employé. Le format du programme facilite d'ailleurs la conciliation travail-études: les cours se donnent à raison de trois jours par mois, du vendredi au dimanche, pendant deux ans.

«Ce format est très bénéfique pour les étudiants puisqu'il leur permet de mettre en application leurs apprentissages dès le lundi suivant leur fin de semaine de cours», souligne M. Desmarteau.

Les programmes de EMBA de l'ESG-UQAM sont aussi fortement liés aux réalités des entreprises, estime le professeur. «Nous n'utilisons pas de cas fictifs pour faire les apprentissages, mais des cas réels vécus par les étudiants dans leur milieu de travail.»

Plusieurs options s'offrent également aux gens qui souhaitent acquérir de l'expérience à l'étranger. «Il y a toujours la possibilité d'aller effectuer un séjour à l'Université Paris-Dauphine afin d'obtenir un double diplôme. Nous avons aussi des partenaires ailleurs dans le monde, comme en Chine et en Amérique latine, où les étudiants peuvent aller réaliser leur activité synthèse de fin d'études», explique M. Desmarteau.

Le EMBA existe depuis 30 ans à l'UQAM et la moyenne d'âge des étudiants est de 39 ans.