Des chercheurs américains sont sur la piste d’une nouvelle technique qui pourrait permettre de multiplier par cent l’efficacité de certaines cellules immunitaires face aux cellules cancéreuses.

Et paradoxalement, c’est en étudiant les mutations génétiques qui voient les cellules T malignes causer un type de cancer (le lymphome) que les chercheurs de l’Université de la Californie à San Francisco et de l’Université Northwestern ont identifié un gène qui pourrait démultiplier l’efficacité des cellules T saines, sans pour autant les rendre toxiques.

« Les auteurs (de l’étude) ont dit, attendez une minute. Si les cancers des lymphocytes T font en sorte que ces lymphocytes T-là vont survivre, proliférer et former des tumeurs, peut-être qu’il y a à l’intérieur de ces lymphocytes T cancéreux des messages qui pourraient améliorer la prolifération et la fonction des lymphocytes T normaux », a résumé le docteur Jean-Sébastien Delisle, un expert qui est notamment le directeur médical du Centre d’excellence en thérapie cellulaire de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Même si le domaine de l’immunothérapie est en pleine ébullition et est à l’origine des percées les plus prometteuses réalisées dans la lutte contre le cancer depuis une dizaine d’années, la thérapie ne peut pas pour le moment être utilisée chez tous les patients.

Le cancer reste un adversaire redoutable qui est passé maître dans l’art d’exploiter les ressources de l’organisme pour survivre. Il résiste aussi farouchement aux assauts du système immunitaire, au point où les cellules T ― qu’elles soient naturelles ou qu’elles aient été développées en laboratoire ― finissent par s’épuiser avant de l’avoir détruit.

La mutation génétique identifiée par les chercheurs américains confère toutefois aux cellules T saines des capacités supérieures qui leur permettent de survivre et de combattre plus longtemps dans l’environnement toxique généré par la tumeur. Les cellules T créées par ces scientifiques ont ainsi été en mesure d’attaquer et de détruire, chez des souris, des cancers de la peau, du poumon et de l’estomac.

Mais il est encore un peu tôt pour crier victoire, estime le docteur Delisle.

« (Les chercheurs américains) ont fait un suivi un peu court dans un modèle murin pour nous rassurer, a-t-il dit. Il faut comprendre qu’on joue avec le feu. On introduit des anomalies cancéreuses dans des lymphocytes normaux et la dernière chose qu’on veut c’est que ces lymphocytes-là ça cancérisent. »

L’étude permet de constater l’efficacité des lymphocytes T modifiés à court terme, a ajouté le docteur Delisle, « mais la plus grande force de l’immunothérapie, c’est sa capacité à durer dans le temps. Et ça, ça n’a pas encore été démontré ».

La recherche et l’identification de gènes qui permettent d’améliorer l’efficacité des lymphocytes T demeurent malgré tout « une avenue de recherche extrêmement prometteuse », a conclu le docteur Delisle, et plusieurs équipes s’y intéressent à travers le monde.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par la prestigieuse revue scientifique Nature.