Les astronautes canadiens Jeremy Hansen et Jenni Gibbons croient qu’ils ont des chances de faire un séjour sur la station orbitale lunaire Gateway, qui doit entrer en fonction en 2028. Lundi, lors d’une journée média à l’Agence spatiale à Saint-Hubert, ils ont parlé de l’avenir du Canada sur la Lune.

« Oui, ça pourrait arriver », a dit Mme Gibbons, quand La Presse lui a demandé si elle pourrait être nommée pour une mission sur la station Gateway, qui sera opérationnelle en orbite lunaire à partir de 2028. À la même question, M. Hansen a répondu « peut-être », tout en soulignant qu’il est fort possible qu’un astronaute canadien séjourne sur Gateway.

M. Hansen, un pilote de chasse de 48 ans, fera partie d’Artemis II, une mission habitée qui fera le tour de la Lune en septembre 2025. Mme Gibbons, une ingénieure de 35 ans, est sa remplaçante s’il devait être incapable de remplir sa mission.

Tous deux ont écarté la possibilité qu’ils fassent partie d’une mission martienne. « Je pense que les personnes qui iront sur Mars sont nées, mais qu’elles sont plus jeunes que moi », a dit Mme Gibbons en entrevue avec La Presse.

Artemis II devait décoller en 2024, mais une anomalie est survenue au bouclier thermique de la capsule Orion, durant la mission inhabitée Artemis I. « Le bouclier a bien réagi, mais son apparence [après l’amerrissage] n’était pas celle qui était prédite par les modélisations, dit M. Hansen. On voulait être sûr que ce qu’on voyait avec Artemis I était le pire qui pouvait arriver. »

Aucun Canadien ne fera partie de la mission Artemis III, qui foulera le sol lunaire en 2026.

Bras canadien

La station Gateway, dont la construction doit commencer en 2025, comprendra la troisième version du bras robotique canadien, après ceux de la navette spatiale et de la Station spatiale internationale (SSI).

« L’objectif est de faire un bras qui sera commercialisable », explique Ken Podwalski, directeur général du Programme Gateway à l’Agence spatiale. « La SSI doit durer jusqu’en 2030 et même si elle est prolongée, il pourrait y avoir des stations spatiales privées. Alors on veut se positionner pour ce développement. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Jeremy Hansen, Ken Podwalski et Jenni Gibbons posent avec une maquette du bras canadien de la station spatiale, lundi.

L’Agence spatiale a confié le développement du Canadarm3, dont le budget est évalué à 1,9 milliard de dollars, à la firme torontoise MDA, qui a aussi construit les deux premiers bras canadiens.

Le Canadarm3 sera composé de trois sections : un grand bras de 8,5 mètres, deux fois moins que le Canadarm2 de la SSI, un petit bras capable de manipulations plus précises, comme le manipulateur Dextre du Canadarm2, et une « boîte à outils ». Il devrait être installé sur Gateway un mois avant Artemis 5, la première mission habitée de Gateway. « On veut tester le bras robotique avant que les astronautes arrivent », dit M. Podwalski.

L’orbite de Gateway fera en sorte qu’elle sera toujours visible de la Terre. Elle s’approchera à 1500 km de la Lune, ce qui permettra le transfert d’astronautes vers la surface lunaire.

Eau potable

L’Agence spatiale canadienne a lancé plusieurs programmes lunaires à l’intention du secteur privé. Le Programme d’accélération de l’exploration lunaire (LEAP), lancé en 2020 et doté de 150 millions de dollars, comportera notamment des rovers d’exploration et des systèmes de communication et de navigation.

L’exploration lunaire en images
  • Illustration artistique de la station lunaire Gateway

    IMAGE TIRÉE DU SITE DE LA NASA

    Illustration artistique de la station lunaire Gateway

  • Illustration artistique du bras canadien de la station lunaire Gateway

    IMAGE TIRÉE DU SITE DE L’AGENCE SPATIALE CANADIENNE

    Illustration artistique du bras canadien de la station lunaire Gateway

  • Pratique d’amerrissage en piscine en janvier pour l’équipage d’Artemis II

    PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA NASA

    Pratique d’amerrissage en piscine en janvier pour l’équipage d’Artemis II

  • Amerrissage de la capsule Orion de la mission Artemis I

    PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA NASA

    Amerrissage de la capsule Orion de la mission Artemis I

  • Illustration artistique de la sonde Nova-C

    PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA NASA

    Illustration artistique de la sonde Nova-C

  • Illustration artistique de la sonde Viper

    PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA NASA

    Illustration artistique de la sonde Viper

1/6
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

En janvier, l’Agence spatiale a aussi lancé le « défi Aqualunaire », qui vise à mettre au point des systèmes de purification de l’eau qui sera extraite de la glace lunaire. « À cause de l’apesanteur et de l’absence d’atmosphère, on ne peut pas utiliser directement les systèmes de purification terrestres », dit Mathieu Giguère, gestionnaire responsable d’Aqualunaire à l’Agence. « On veut aussi limiter le besoin d’amener de l’approvisionnement. Les systèmes de purification de l’eau ont besoin de beaucoup de réactifs en ce moment. »

Deux autres défis similaires de l’Agence spatiale, qui visaient à mettre au point des systèmes de production alimentaire et des soins de santé spatiaux, ont attiré une soixantaine d’entreprises. L’équipe qui remportera le défi Aqualunaire recevra une bourse de 400 000 $.

Des sondes lunaires américaines, lors notamment de la mission privée Nova-C et de la mission Viper de la NASA, testeront cette année l’extraction de la glace. « Avec Aqualunaire, on fait un saut en avant, dit M. Giguère. On va examiner les défis qui se présenteront quand on pourra extraire de l’eau à partir de la glace lunaire. »

Une version précédente de cet article utilisait erronément le prénom Martin pour Mathieu Giguère et indiquait que Gateway s'approcherait à 70km de la surface lunaire.

En savoir plus
  • 28 milliards US
    Budget du programme Artemis
    Source : NASA