(Paris) Pour lutter contre le changement climatique, de la poussière lunaire dispersée dans l’espace pourrait protéger avec une certaine efficacité la Terre des rayonnements du soleil, avance une équipe de chercheurs mercredi dans la revue PLOS Climate.

« De grandes quantités de poussière » placées entre la Terre et le soleil peuvent « réduire les quantités de lumière solaire reçues par notre planète », écrivent ces scientifiques basés aux États-Unis.

L’idée est de créer une sorte d’écran permettant de bloquer une partie des radiations pour atténuer le changement climatique.

Les chercheurs ont simulé plusieurs scénarios, envisageant notamment de disperser des particules de poussière depuis une plateforme spatiale située en un point de Lagrange, où les forces gravitationnelles entre la Terre et le soleil s’équilibrent.  

Ces poussières formeraient alors un écran protecteur, mais qui serait facilement dispersé, nécessitant de redisséminer de la poussière tous les quelques jours.  

Finalement, une autre solution leur semble plus prometteuse : disperser de la poussière lunaire directement depuis la surface de la Lune en direction du soleil avec des fusées.

« Nous avons identifié des orbites qui permettent aux grains de poussière de fournir de l’ombre pendant des jours », selon les chercheurs, qui mettent en avant les avantages de cette méthode : une ressource abondante sur la Lune et une dépense énergétique moindre qu’un lancement depuis la Terre.

Toutefois, ils reconnaissent qu’il s’agissait pour l’instant d’explorer le potentiel théorique de cette technique, plutôt que d’envisager la faisabilité.

« Nous ne sommes pas des experts du changement climatique ou d’ingénierie aérospatiale », a souligné Ben Bromley, professeur de physique et d’astronomie à l’Université d’Utah, l’auteur principal de l’étude.  

Alors que la température monte régulièrement sur Terre, les projets de géo-ingénierie destinés à limiter le réchauffement sont nombreux, avec parfois des airs de science-fiction.

L’un des plus en vue consisterait à ajouter intentionnellement des particules en suspension dans la stratosphère pour renvoyer une partie des rayons du soleil.

Mais une telle technologie pourrait avoir des effets indésirables sur la couche d’ozone, a mis en garde l’ONU récemment. Le recours à la poussière lunaire, loin de l’atmosphère terrestre, permettrait en revanche d’éviter ce problème.

L’étude publiée mercredi a cependant été accueillie avec circonspection par la communauté scientifique.

De la poussière lunaire pourrait effectivement être utilisée comme parasol, mais « avec la bonne forme de particule, la bonne taille et exactement au bon endroit », ce qui n’a rien d’évident, a souligné Stuart Haszeldine, de l’université d’Édimbourg.

« Le problème principal est de suggérer que de tels projets vont résoudre la crise climatique alors que cela donne juste aux pollueurs une excuse pour ne pas agir », a critiqué Joanna Haigh, de l’Imperial College London.