Ils sont vus comme l’une des meilleures solutions naturelles pour faire face aux changements climatiques. Le hic ? Le réchauffement planétaire pourrait porter un dur coup à nombre d’entre eux. Quel avenir pour les arbres dans un monde où il fera plus chaud ? Le sujet a été abordé au 89congrès de l’Association francophone pour le savoir (Acfas), présenté jusqu’à vendredi.

Que se passe-t-il quand un arbre fait face à une sécheresse de type caniculaire ? Celui-ci peut se trouver devant un choix douloureux : mourir de faim ou mourir de soif. C’est là en effet le dilemme physiologique auquel font face les arbres au cours d’une sécheresse, a expliqué le chercheur Hervé Cochard au congrès de l’Acfas.

En gros, quand il manque d’eau, un arbre doit faire un choix. Soit il fait le nécessaire pour aller récupérer le maximum d’eau pour assurer sa survie. Dans ce cas, sa capacité à absorber du carbone s’en trouve réduite et il pourrait mourir de faim. Mais s’il privilégie l’option carbone, il pourrait mourir de soif. C’est le dilemme mortel auquel feront face les arbres à mesure que la planète se réchauffera.

« Le risque de mortalité [des arbres] va être fortement accru avec les changements climatiques », a indiqué M. Cochard au cours de sa présentation intitulée Les bases physiologiques de la résistance à la sécheresse des arbres. Et ce n’est pas une bonne nouvelle considérant leur importance dans la lutte contre les changements climatiques.

Cercle vicieux

Le chercheur a notamment expliqué l’important écart du taux de mortalité, selon le scénario où le monde réussit à limiter le réchauffement à 1,5 ℃ ou même 2 ℃ ou un scénario d’émissions élevées menant à un réchauffement supérieur à 2 ℃. Pour les arbres, le premier scénario est nettement préférable au deuxième.

Or, si plus d’arbres meurent en raison du réchauffement planétaire, il y aura moins de possibilités de captation de carbone à une échelle globale. Il fera encore plus chaud, ce qui amplifiera le taux de mortalité des arbres, et ainsi de suite…

« Ce problème est encore peu pris en compte dans les prévisions du GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat], signale Hervé Cochard à La Presse. Une partie du problème vient du biais de certains modèles qui sont sensibles à l’effet fertilisant du CO2, ajoute-t-il. Avec l’augmentation du CO2, les stomates des feuilles se ferment et, de ce fait, consomment moins d’eau et captent aussi moins de carbone. Ces modèles sont donc plutôt optimistes, car ils prévoient que les plantes poussent plus et consomment moins d’eau. Mais ces modèles ne prennent pas en compte l’effet VPD, soit le fait que l’air chaud est aussi beaucoup plus sec, et qu’avec l’augmentation du CO2, on doit aussi s’attendre à une augmentation de l’air chaud. Ceci va fortement impacter la capacité des arbres à stocker du carbone. »

Une étude parue récemment dans Nature Review montre d’ailleurs que les modèles qui intègrent l’effet VPD font la démonstration que le gain lié à la fertilisation du CO2 ne suffit pas à contrebalancer cet effet.

Bref, comme le chantait Zachary Richard, L’arbre est dans ses feuilles. Mais la chanson ne dit pas cependant ce qui se passerait si l’arbre n’avait plus de feuilles…

Consultez le site de l’évènement