Des chercheurs de l’Université Laval ont découvert que les cas graves de COVID-19 s’expliquent en partie par la mort prématurée de soldats du système immunitaire humain. Cela se produit aussi avec le VIH, et un traitement qui était envisagé pour ce virus pourrait être appliqué au SARS-CoV-2, coronavirus responsable de la COVID-19.

« Je travaille depuis plusieurs années dans le domaine du sida, et la perte ou diminution de lymphocytes T qu’on observait chez certains patients COVID-19 m’a frappé parce qu’on voit la même chose dans le sida », explique Jérôme Estaquier, chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec–Université Laval et auteur principal de l’étude publiée ce mardi matin dans la revue Cell Death & Differentiation. « Les lymphocytes T sont importants dans la réponse immunitaire, dans la production d’anticorps. Ils aident aussi d’autres lymphocytes. »

Le mécanisme qui cause la mort précoce des lymphocytes T n’est pas encore connu. Mais le DEstaquier sait qu’il ne s’agit pas d’une action directe du SARS-CoV-2. « Nous pensons que c’est le même mécanisme qu’avec le VIH, dit-il. Des ligands de mort se fixent sur les lymphocytes T et causent leur mort. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DU CENTRE DE RECHERCHE DU CHU DE QUÉBEC–UNIVERSITÉ LAVAL

Le chercheur Jérôme Estaquier

Ces « ligands de mort » sont des molécules du corps humain qui sont normalement impliquées dans la signalisation interne du système immunitaire. Le VIH les incite à changer d’objectif et à causer la mort des lymphocytes T.

Juste avant la pandémie, le DEstaquier était sur le point de lancer des essais cliniques humains pour un médicament qui, chez l’animal, empêche la mort des lymphocytes T. « Nous sommes en train de voir si on peut transposer cet essai clinique pour la COVID-19. »

L’autre priorité sera de voir si le phénomène de la mort des lymphocytes T se produit aussi avec le variant Omicron ainsi que chez les gens vaccinés. « Peut-être que ça touche seulement les non-vaccinés ou alors les immunosupprimés vaccinés », dit-il.