Les progrès de la technologie mettent l’archéologie sous-marine en effervescence. La recherche d’épaves et de cités englouties n’a jamais été plus facile, grâce aux drones. Voici un tour d’horizon de découvertes récentes dans le domaine.

Offrandes ou naufrage ?

Des statuettes phéniciennes découvertes en 1971 au fond de la Méditerranée, dans le nord d’Israël, ne proviennent pas du naufrage d’un navire persan, mais témoignent plutôt d’un rite maritime, rapporte une nouvelle étude d’archéologues égyptiens. Les 300 statuettes de Shavei Zion, initialement vendues par leur découvreur, un braconnier archéologique, ont été depuis quelques années réanalysées par des chercheurs de l’Université de Haïfa. Ils ont conclu que les statuettes ont des styles différents, allant du VIIIe au IVe siècle avant Jésus-Christ. Dans l’International Journal of Nautical Archeology à l’automne dernier, les chercheurs israéliens avancent qu’il s’agissait en fait d’offrandes jetées à l’eau pour protéger les marins.

La préhistoire sous-marine américaine

PHOTO FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ DU TEXAS

Un outil de pierre de 9000 ans découvert au fond du lac Huron.

Des chercheurs de l’Université du Texas ont découvert dans le lac Huron des outils de pierre vieux de 9000 ans qui ont été taillés en Oregon, plus de 4000 kilomètres à l’ouest. Cette découverte montre que les réseaux commerciaux préhistoriques étaient très étendus dans le nord de l’Amérique du Nord. Les outils étaient situés entre les restes de deux édifices probablement alors utilisés par des chasseurs, préservés par les eaux, à 30 mètres de profondeur. Cette découverte a été décrite par les archéologues américains en juin dans la revue PLOS One.

La guerre à Terre-Neuve

PHOTO FOURNIE PAR EQUINOR

Le navire retrouvé à Terre-Neuve par Equinor

Un navire de transport qui a probablement coulé durant la Seconde Guerre mondiale a été découvert à la mi-juillet à 500 km au large de Terre-Neuve par une entreprise de cartographie et de géophysique sous-marine. Equinor a dévoilé dans un communiqué l’existence de cette épave, située à 1200 mètres de profondeur. L’Association de préservation des épaves de Terre-Neuve a déclaré à la CBC que vu sa position, ses dimensions et le fait que l’épave est brisée en deux, il s’agit probablement d’un pétrolier d’un convoi transportant du matériel en Grande-Bretagne durant la guerre qui a été coulé par une torpille allemande. L’épave a été découverte par sonar à l’aide un drone sous-marin.

La préhistoire sous les eaux

PHOTO TIRÉE DU SITE DU CNRS

La grotte Cosquer

Un site marseillais de peintures rupestres préhistoriques unique au monde est menacé par la montée des eaux de la Méditerranée. Découverte en 1985 par un scaphandrier professionnel, la grotte Cosquer est située à 175 mètres à l’intérieur des terres, mais n’est accessible que par plongée sous-marine à partir de la mer. Son entrée se trouve à 36 mètres de profondeur. Le ministère français de la Culture a chargé deux entreprises de faire une modélisation 3D de la grotte et de ses peintures rupestres vieilles de 27 000 ans, afin de la recréer quand les changements climatiques l’auront engloutie.

En hommage aux sous-mariniers

PHOTO FOURNIE PAR LOST 52

Le sous-marin R12 a coulé en 1943 à cause d’un accident de torpille près de Key West.

Lancé en 2010 par les fondateurs d’une entreprise de cartographie sous-marine, le projet Lost 52 vise à retrouver les 52 sous-marins américains qui ont été perdus en mer durant la Seconde Guerre mondiale, et les quatre sous-marins qui ont coulé durant la guerre froide. L’organisme américain, qui mise sur des drones sous-marins pour garder abordables les coûts de cette mission, en a retrouvé jusqu’à maintenant sept, dont deux en 2019 à Hawaii et Okinawa. L’an dernier, Lost 52 a commencé à tenir des cérémonies pour les proches des sous-mariniers disparus, qui peuvent jeter des fleurs à la mer au-dessus de l’emplacement des épaves.

La revanche d’Hérodote

PHOTO FOURNIE PAR LE MINISTÈRE ÉGYPTIEN DU TOURISME ET DES ANTIQUITÉS

Le navire de guerre découvert à Héracléion

Le célèbre historien Hérodote avait raison : les bateaux égyptiens avaient bel et bien un trou dans leur quille pour laisser passer l’essieu contrôlant le gouvernail. Cette découverte franco-égyptienne a été faite dans les ruines sous-marines du port de la cité engloutie d’Héracléion, au large de l’Égypte. Cette découverte annoncée en 2019 a été suivie, au début de juillet, par celle d’un navire de guerre égyptien, mais construit selon des techniques grecques. Ce bateau a été détruit par l’écroulement d’un temple d’Amon lors d’un séisme survenu il y a 2400 ans. Ces deux trouvailles signifient deux choses : les techniques de construction navale égyptiennes ont été remplacées par les grecques, ce qui explique que l’on n’ait pas retrouvé jusqu’à maintenant d’autres exemples du bateau décrit par Hérodote ; et l’influence grecque en Égypte était bien antérieure à l’invasion d’Alexandre le Grand en 332 avant Jésus-Christ. Un secteur dédié aux cultes grecs a d’ailleurs été mis au jour à Héracléion.