(Montréal) Les patients ayant survécu à une crise cardiaque pourraient être plus à risque de souffrir d’un cancer que les gens n’ayant pas de maladies cardiovasculaires, ont constaté des chercheurs américains.

Le risque de cancer semblait aussi plus élevé chez les gens présentant le plus grand nombre de facteurs de risque pour les maladies cardiovasculaires, comparativement aux gens chez qui ces facteurs de risque étaient moins nombreux.

« C’est une trouvaille intéressante, parce que dans notre pratique, on n’y pense pas vraiment, a commenté la docteure Hanane Benbarkat, une cardiologue de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont qui pratique la cardio-oncologie. Quand quelqu’un a une maladie cardiovasculaire, on ne va pas commencer à penser au cancer. »

Les chercheurs ont épluché des données provenant de près de 13 000 sujets dont l’âge moyen était de 51 ans et qui ne souffraient ni d’un cancer ni d’une maladie cardiovasculaire au début de l’étude. Près de 1700 cancers ont été diagnostiqués pendant la quinzaine d’années qu’a duré l’étude.

Les auteurs ont constaté une « association indépendante » entre des facteurs de risque pour les maladies cardiovasculaires — notamment l’âge, le sexe, l’hypertension et le tabagisme — et le cancer.

De plus, le risque de cancer était plus de sept fois plus important chez les participants qui ont développé une maladie cardiovasculaire (une crise cardiaque, une insuffisance cardiaque ou une fibrillation auriculaire) pendant l’étude que chez les autres.

L’auteure de l’étude, la docteure Emily Lau, de l’Hôpital général du Massachusetts à Boston, a rappelé par voie de communiqué que le cancer et les maladies cardiovasculaires partagent plusieurs facteurs de risque, comme le tabagisme, la sédentarité et la mauvaise alimentation. La prochaine étape, a-t-elle ajouté, serait « d’identifier les mécanismes biologiques responsables du lien entre la maladie cardiovasculaire et le cancer ».

« C’est vraiment une question de facteurs de risque, a renchéri la docteure Benbarkat. Les facteurs de risque pour une maladie coronarienne — tabac, habitudes de vie, diète, obésité — sont les mêmes facteurs de risque pour développer un cancer. C’est ça le lien que je trouve intéressant et ça ne me surprend pas à ce niveau-là. »

Elle prévient ensuite que cette association est valide dans les deux sens : si on parle ici de gens qui ont tout d’abord eu une maladie cardiovasculaire, puis un cancer, il pourrait tout aussi bien s’agir de gens dont les habitudes de vie ont causé un cancer, et qui souffriront ensuite d’une maladie cardiovasculaire.

Les conclusions de cette étude ont été présentées lors d’un récent congrès scientifique de l’American Heart Association.