On penserait de prime abord cancers du poumon et autres problèmes respiratoires, mais les Canadiens qui respirent de l'air plus pollué courraient en fait plus de risques de mourir de maladies comme le diabète, selon des chercheurs.

Dan Crouse, épidémiologiste et sociologue à l'Université du Nouveau-Brunswick, n'a été guère étonné de constater que les risques de décès sont supérieurs d'environ 8 % dans les régions où les taux de pollution sont en moyenne plus élevés. Mais ce sont les causes de ces décès qui ont surpris les chercheurs.

Ainsi, c'est le diabète - sous toutes ses formes - qui arrive en tête des risques plus grands de causes de décès, à 18 %, suivi à 14 % de la cardiopathie ischémique (trouble ou maladie consécutif à un arrêt ou une diminution de l'apport sanguin au coeur). Autre conclusion surprenante: les risques de mourir de maladies respiratoires sont sensiblement les mêmes, qu'on habite en secteurs pollués ou non.

Le rapport, publié lundi dans la revue scientifique mensuelle de l'Institut national américain des sciences de la santé environnementale, «Environmental Health Perspectives», n'émet pas d'hypothèse sur les causes de ces risques accrus. Il s'agirait par ailleurs de la première étude à établir des liens entre la mortalité et l'exposition combinée à différents polluants, comme les particules fines, l'ozone et le dioxyde d'azote.

Les chercheurs ont utilisé les renseignements fournis par 15 % des Canadiens âgés de 25 à 90 ans dans le formulaire détaillé de recensement de 1991, et ont suivi cette cohorte de 2,5 millions de personnes pendant 16 ans. Quelque 301 000 d'entre elles sont mortes pendant cette période, et les chercheurs ont alors utilisé la Base canadienne de données sur la mortalité, en faisant des recoupements avec les données de Statistique Canada.

Le professeur Crouse prévient qu'il ne faut pas non plus faire ses valises et quitter en catastrophe la ville, où l'air est souvent plus pollué, car de multiples facteurs peuvent avoir un impact sur l'espérance de vie.