D’un bout à l’autre du Québec, des professionnels de la santé s’activent à créer une liste de médicaments critiques, une mesure jugée indispensable pour parer à d’éventuelles pénuries.

Établir la liste des médicaments critiques

Il est primordial de faire une liste de médicaments essentiels qui entraîneraient des préjudices importants pour les patients en cas de pénuries, afin de s’assurer d’en avoir suffisamment en stock, estime la pharmacienne Diem Vo. Le Québec s’était doté d’une liste de médicaments critiques en lien avec la COVID-19 pendant la pandémie. La province travaille désormais à dresser une liste plus générale des médicaments essentiels. « Il y a actuellement des travaux au Ministère avec des experts de différentes spécialités, des intensivistes, des urgentologues, des infectiologues et des pharmaciens pour identifier les médicaments qui sont critiques », indique-t-elle. L’Europe a d’ailleurs publié le 12 décembre sa première liste de médicaments critiques pour faire face aux pénuries. La liste, qui contient plus de 200 substances comme l’insuline, la morphine et le paracétamol (acétaminophène), sera mise à jour chaque année. La Commission européenne s’assurera de la continuité de l’approvisionnement de ces médicaments critiques.

Des prix attrayants

Afin de se protéger contre les pénuries, le Canada doit s’assurer d’avoir des prix de vente de médicaments concurrentiels, soutient Hugues Mousseau. « Quand il y a une pénurie, on veut que les stocks qui restent soient envoyés dans des pays comme ici, au Canada. Alors, il faut qu’on s’assure d’avoir les bons prix pour les médicaments », dit-il. De façon générale, le fabricant va vouloir répartir équitablement ses médicaments à travers le monde. Or, en situation de pénurie, « le fabricant peut décider de répartir différemment les stocks restants en cas de rareté d’approvisionnement », explique Hugues Mousseau. D’où l’importance pour le Canada d’être considéré comme un marché attrayant, dit-il.

Se partager les médicaments restants

Le Québec doit s’assurer de répartir ses stocks entre les différents établissements en cas de besoin, indique Diem Vo. « Il faut s’assurer que nos patients qui sont dans le Nord-du-Québec, tout comme ceux qui sont au CHUM, à Montréal, reçoivent la médication », dit-elle. Lorsqu’un médicament doit être transféré d’un établissement montréalais à un autre, « c’est facile », dit Diem Vo. La situation devient plus complexe lorsque le médicament doit parcourir des centaines de kilomètres. « Il y a des ententes qui ont été faites pour entreposer des médicaments chez McKesson pour pouvoir les redistribuer dans les établissements au moment où on en a besoin », dit Diem Vo.

Des médicaments produits en Amérique du Nord ?

La dépendance du Canada à l’égard des fabricants étrangers accentue les risques de pénuries. « À mon avis, il faut renverser la [tendance] », dit Jean-François Bussières. Sans pour autant produire les médicaments entièrement au Canada, il y a peut-être une façon d’en rapprocher la production. « En discutant avec les États-Unis, le Canada et le Mexique, il y a peut-être moyen de réfléchir à notre production de médicaments. »