Comme c’est le cas fréquemment depuis plus d’un an, l’œstrogène – une hormone prise sur une base régulière par plusieurs femmes ménopausées – est de nouveau partiellement en pénurie au Québec.

« On approvisionne les pharmacies, mais pas à la hauteur de la demande », confirme Hugues Mousseau, directeur général de l’Association québécoise des distributeurs en pharmacie.

Ce sont les anneaux vaginaux et l’œstrogène en comprimés qui sont présentement en quantité insuffisante.

M. Mousseau explique que quand de telles pénuries se produisent, les produits « sont répartis de façon équitable » entre les pharmacies pour éviter que certaines « en stockent » de peur d’en manquer.

Les femmes doivent donc s’en remettre à des produits de substitution – de l’œstrogène en gel, par exemple.

La Dre Sophie Desindes, cheffe du département de gynécologie du CIUSSS de l’Estrie-CHUS, souligne que la situation est loin d’être idéale et qu’elle complique la vie des femmes, des pharmaciens et des médecins.

C’est que « les femmes ont parfois dû essayer plusieurs produits avant de trouver celui qui leur convient le mieux » et qui peut ne pas être accessible à l’heure actuelle.

Petit marché, situation de rareté

Ces temps-ci, quand elle prescrit de l’œstrogène sous une forme donnée, la Dre Desindes explique qu’elle doit prescrire en même temps une solution de rechange au produit habituel – en gel, par exemple.

Comme les pharmacies sont présentement rationnées, les femmes doivent penser à aller dans celles du quartier si ce qui leur est prescrit est en rupture de stock à l’établissement qu’elles fréquentent habituellement.

Pourquoi l’œstrogène est-il si souvent en situation de pénurie ? L’ingrédient actif qu’il contient est fabriqué en Inde, « et les fabricants ont un enjeu d’approvisionnement », répond M. Mousseau.

Est-ce le cas pour d’autres pays aussi ? Le fait que le Québec soit un petit marché fait-il en sorte qu’on reçoit moins d’œstrogène ici ? M. Mousseau répond que « dans une situation de rareté […], cela peut jouer absolument », dans la mesure où « le Québec ne représente que 0,5 % du marché mondial du médicament » et que les fabricants tiennent aussi compte du prix auquel ils peuvent vendre leurs médicaments dans les différents pays.

De manière générale, aussi, les grossistes en médicaments « ont vu leur modèle financier s’effriter », ajoute M. Mousseau, de sorte qu’« ils ont moins de marge de manœuvre pour stocker des produits.

« Historiquement, on avait six à huit semaines d’inventaire de médicaments. Aujourd’hui, les grossistes n’en ont que de deux à quatre semaines. »