La saison des virus bat toujours son plein. Après la COVID-19, l’influenza et le VRS, au tour de l’influenza B de faire sentir sa présence. Encore en ce moment, près de 90 000 Québécois par jour contractent une infection respiratoire aiguë.

Ce qu’il faut savoir

Les virus respiratoires circulent encore largement au Québec, avec 90 000 cas estimés par jour.

La tendance devrait repartir à la baisse au printemps avec le retour des chaudes températures, rappellent des virologues.

L’effet de ces virus sur la mortalité globale semble continuer de se faire sentir dans la province.

C’est ce que révèlent des données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Les sondages de l’organisme, menés une fois par semaine, mettent en lumière une circulation élevée des virus depuis le mois d’août dernier, soit il y a plus de huit mois.

Contrairement à la triple épidémie vécue à l’hiver 2022-2023 où trois virus s’étaient fait sentir en même temps, les différents virus respiratoires semblent s’être plutôt relayés ces derniers mois.

La COVID-19 a d’abord lancé le bal en août pour atteindre son sommet saisonnier en décembre. Puis, le virus respiratoire syncytial (VRS) a quant à lui commencé à se faire sentir davantage à partir d’octobre, pour aussi atteindre un sommet en décembre.

La grippe a pris la relève en décembre alors que l’influenza A s’est mise à circuler abondamment. Cette souche est en recul depuis février, mais est de plus en plus remplacée par la souche d’influenza B, qui est toujours en croissance. C’était en soi prévisible, puisqu’en règle générale, « la souche B de l’influenza arrive toujours après la souche A, en bonne retardataire », note Benoit Barbeau, virologue et professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM.

Vers un printemps en baisse

Plus globalement, ce décalage des virus « s’explique probablement par le fait que lorsqu’on est déjà infecté, on est un peu protégé d’une infection par une autre », avance Alain Lamarre, professeur et chercheur spécialisé en immunologie et en virologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).

« Autrement dit, le premier virus prend la place prépondérante à occuper. Il y a aussi une question de mouvement des virus qui fait que ce n’est pas toujours très prévisible à long terme », analyse-t-il.

Pour Benoit Barbeau, « la situation n’est pas surprenante, puisque les gens sont encore beaucoup à l’intérieur ».

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Benoit Barbeau, virologue et professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM

Comme les gens sont rapprochés, les aérosols et les gouttelettes circulent facilement et ça démarre. C’est le même contexte qu’on a vécu durant la pandémie et qu’on va continuer de vivre encore.

Benoit Barbeau, virologue et professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM

M. Barbeau signale au passage que « les températures froides peuvent aussi faire en sorte qu’on est plus sujet à être infecté par des conditions physiologiques au niveau des cavités nasales », un enjeu qui est de plus en plus évoqué dans le milieu scientifique.

La situation devrait toutefois se stabiliser dans les prochaines semaines. « Comme c’est surtout lié à notre mode de vie qui change beaucoup entre l’été et l’hiver, on peut penser que tout ça devrait normalement redescendre quand on va pouvoir sortir plus qu’en ce moment, un peu comme on a vu pendant la COVID-19 », évoque à ce sujet M. Lamarre.

« On va arriver dans un moment de l’année où ça devrait continuer à diminuer, avec beaucoup moins de transmission. Si on maintient un contrôle continu, en fin de compte, au printemps ça va retourner encore plus au plancher. On devrait alors être dans une bonne situation », croit aussi Benoit Barbeau.

Un effet sur la mortalité

Par ailleurs, la forte circulation des virus respiratoires semble avoir contribué à augmenter la mortalité au Québec. La province a en effet connu d’août à janvier un nouvel épisode de surmortalité.

Durant ces six mois, les décès ont été de 8,4 % plus élevés que prévu, selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Encore une fois, ces décès en excès se concentrent chez les 70 ans et plus. La situation semble toutefois de retour à la normale depuis février.

Sur toute l’année 2023, environ 77 300 personnes se sont éteintes l’an dernier dans la province. C’est 4000 de plus que ne l’avaient prévu les démographes de l’ISQ. Le Québec termine ainsi 2023 avec une surmortalité globale de 5,5 %.

Cela représente 865 décès de moins qu’en 2022, année où le Québec avait recensé une surmortalité propulsée par la vague Omicron de 8,8 %.

« On a d’abord observé une hausse des décès associée à la COVID-19 cet automne et après, la présence des autres virus respiratoires semble aussi avoir eu un effet en fin d’année. On ne peut pas encore le mesurer avec précision, mais ce mélange épidémiologique, c’est la principale cause qu’on voit présentement », avait fait valoir en janvier dernier le démographe de l’ISQ Frédéric Fleury-Payeur, lors d’une entrevue.