(Québec) Dénonçant des « prix aléatoires et astronomiques », Québec solidaire veut mettre fin au « far west » dans le privé en santé. La formation de gauche demande à Québec d’imposer une grille tarifaire aux cliniques privées pour éviter « les abus » et assurer une équité.

« C’est une offre de plus en plus vaste [qui existe] au privé, et ce qu’on a découvert en effectuant des recherches, c’est que c’est le far west dans les prix parce que ce n’est pas normé », déplore le critique solidaire en matière de santé, Vincent Marissal.

Québec solidaire, qui s’oppose au recours du privé en santé, fera une proposition au ministre de la Santé pour à tout le moins mieux l’encadrer. Christian Dubé doit participer vendredi à une interpellation – une procédure parlementaire de reddition de comptes – lors de laquelle un ministre répond aux questions de l’opposition.

« Nous, on mettrait fin au développement du privé et on rapatrierait les services notamment dans les cliniques publiques et les CLSC », explique M. Marissal. « Mais on n’est pas sur la planète Mars et on voit bien qu’on est pognés avec ça. Il faut au moins protéger les gens, et les gens se font arnaquer avec ça », a soutenu le député en entrevue.

Le député de Rosemont indique avoir constaté une importante variation des tarifs de cliniques privées pour un même service. « Pour un même soin d’une clinique à l’autre, il peut y avoir des prix qui passent du simple au double. Basé sur quoi ? On ne le sait pas », mentionne-t-il.

« Le libre marché total »

Par exemple, une consultation avec un médecin pour des « urgences mineures » peut coûter de 135 $ à 250 $. À cela peuvent s’ajouter parfois des frais d’inscription de 60 $ à 75 $ ou d’annulation de 125 $. Les disparités sont encore plus marquées pour le dépistage d’une infection transmissible sexuellement et par le sang (ITSS), note M. Marissal, les coûts pouvant varier de 60 $ à 280 $ selon la clinique.

Pour ces services, le patient n’a pas droit à un remboursement de la RAMQ. « Les prix sont absolument aléatoires et astronomiques », soutient M. Marissal, qui propose l’instauration d’une grille tarifaire unique, avec des tarifs plafond, qui pourrait s’appliquer partout au Québec. Cela éviterait les disparités et ce qu’il qualifie d’« abus » par certaines cliniques.

Selon lui, le gouvernement dispose des leviers nécessaires pour l’imposer même si ces entreprises sont privées. « Pour les urgences mineures et les examens, ça se fait au Manitoba », plaide-t-il, soulignant que ce sont ces soins qu’il vise avec sa demande. « Je parle plus de gens qui normalement devraient aller au CLSC ou voir un médecin de famille », illustre-t-il, écartant les interventions chirurgicales, par exemple.

Le député de Rosemont cite le cas d’une dame de 70 ans qui lui a raconté avoir perdu son médecin de famille. Souffrant de plusieurs problèmes de santé, elle a décidé de s’abonner à une clinique privée, relate-t-il.

« Elle paye 1500 $ [en cotisation annuelle] […], mais qui dit que c’est 1500 piastres ? C’est vraiment le libre marché total qui est imposé dans un secteur où normalement on devrait avoir des soins universels », dénonce le député. Il dit recevoir « assez souvent » des appels de citoyens qui témoignent avoir « été dirigés vers des cliniques privées » en raison d’un manque d’accès à la première ligne.