(Montréal) La popularité de la médecine familiale continue de décroître auprès des étudiants du Québec. Selon les données du Service canadien de jumelage des résidents (CaRMS), 91 postes de résidents en médecine de famille demeurent vacants à l’issue du premier tour de jumelage.

Le CaRMS est l’organisme pancanadien qui assigne aux finissants en médecine une spécialité pour leur résidence. Les résultats de cette année montrent aussi que seulement six postes de résidents en médecine spécialisée demeurent vacants. Autrement dit, plus de 90 % de l’ensemble des postes de résidence en médecine non pourvus dans la province sont en médecine familiale.

« Ça ne me surprend pas, mais ça m’attriste profondément. C’est une grande déception », a commenté en entrevue le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Marc-André Amyot.

Selon la FMOQ, depuis 12 ans, il y a près de 600 postes de formation en médecine familiale qui n’ont pas été pourvus. « Ça, c’est 600 médecins qui ne seront pas disponibles pour donner des services aux Québécois pour les 30 prochaines années. C’est catastrophique », s’inquiète Dr Amyot.

Il est à prévoir que des postes en résidence de médecine familiale seront pourvus au deuxième tour de jumelage. L’an passé par exemple, 26 postes ont été pourvus entre le premier et le deuxième tour, passant de 99 à 73 places vacantes.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Dr Marc-André Amyot

« Il faudra voir à la fin du deuxième tour combien il en reste de libres et là on saura si on réussit à combler les départs », a dit le Dr Amyot. Il a fait valoir que 25 % des médecins de famille au Québec ont plus de 60 ans et que chaque année il y a de plus en plus de départs.

Il s’inquiète de voir que le réseau public a perdu une quarantaine de médecins de famille depuis un an, ce qui s’ajoute à la pénurie effective de plus de 1200 médecins de famille.

On voit actuellement les difficultés d’accès (à un médecin de famille) et tout cela est le reflet d’une pénurie sévère de médecins de famille. Et si on ne corrige pas la situation, la pénurie ne s’améliorera pas, elle va se détériorer.

Dr Marc-André Amyot, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ)

Depuis plusieurs années, il constate que de nombreux étudiants choisissent de prendre une année sabbatique plutôt que de choisir la spécialisation en médecine familiale.

Le problème d’attractivité de cette discipline en est la cause, selon le syndicat. « On va devoir réviser notre position, ensemble, les différents acteurs qui sont importants dans l’attractivité de la médecine familiale, a reconnu Dr Amyot. Que ce soit le ministère, les universités, force est de constater que nos actions n’ont pas porté les fruits escomptés ».

Selon lui, pour rendre la médecine familiale plus attractive pour les finissants, il faut en priorité corriger les écarts de rémunération entre les médecins de famille et les autres spécialistes.

Il estime aussi que le gouvernement provincial doit éliminer les mesures législatives qu’il juge coercitives et s’attaquer davantage à la lourdeur administrative et à la surcharge de travail.

Il existe un discours dévalorisant auquel font face les médecins de famille actuellement, ajoute Dr Amyot. « (Il faut) cesser les sous-entendus que si les médecins de famille faisaient bien leur travail, on aurait moins de difficulté d’accès. Ce n’est pas du tout ça, dénonce-t-il. Nous, ce qu’on souhaite, c’est la collaboration avec le ministère pour améliorer les services à la population. »

Le président de la FMOQ souligne d’ailleurs que cette collaboration a bien fonctionné par le passé. Il a cité les 930 000 patients endossés par les médecins de famille à la suite du projet de loi 11 du gouvernement Legault qui demandait la prise en charge de 500 000 patients.

« Le premier élément avant de tenter de valoriser la profession, il faut arrêter la dévalorisation et le dénigrement », affirme Dr Amyot.

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